Citation :
La situation nationale tout d'abord. Alors que depuis 3 ans la croissance du PIB plonge pour être ramenée à une croissance quasi nulle en 2003 (+0.5%), les dépenses des ménages continuent de croître à un rythme certes moindre (+1.7% en 2003).
Les ventes de CD, en chiffre d'affaire, subissent effectivement depuis 2001 une chute astronomique de leur progression (+10% en 2001 vers +4% en 2002 puis -16% en 2003). On ne peut nier cet état de fait (contrairement à ce qui a été invoqué par certains responsables de grands magasins, les ventes de CDs en 2003 ne sont pas les meilleures de toute l'histoire du CD, c'était par contre effectivement le cas en 2002).
D'où la grogne des éditeurs de CD regroupés au sein du SNEP.
Ce qui est intéressant par contre est de poser à côté de ces chiffres ceux des ventes d'un autre produit culturel proche dans le coeur des consommateurs : la vidéo (VHS et surtout DVD). Et là on voit le phénomène inverse : la progression phénoménale de ce secteur d'activité : +30% en 2002 ! et encore +14% en 2003. Le fantastique boom du home video et du DVD explique bien sûr cette progression. Alors que la VHS achetée n'était jamais réellement entrée dans les moeurs des Français, le DVD a réussi à s'imposer dans les foyers.
Mis bout à bout, les chiffres de chiffre d'affaire de l'audio et de la vidéo montrent une forte progression en 2002 (cf. le boom du DVD cette année) et un résultat en très léger retrait en 2003 (-2%).
Hors, les dépenses à la consommation des ménages français étant dans l'ensemble stable, il est clair que leur budget culture (consituté pour la plus grande partie par CDs et DVDs, le livre venant loin derrière) est lui aussi relativement figé.
C'est donc de façon cohérente que l'on peut associer le chiffre d'affaire cumulé audio + vidéo stable avec des dépenses de consommation des français stable. La conclusion de cette analyse simple est sans appel :
La chute des ventes de CDs provient en grande partie d'un report des dépenses culturelles des français vers le nouveau support à la mode : le DVD.
Le piratage via Internet n'a rien à voir là dedans. Cette analyse facile à mener à partir de ces chiffres disponibles pour la France est également vraie outre-atlantique, comme l'ont montré des chercheurs américains (University of North California).
Cette étude estime de plus que les échanges de musique via Internet fonctionnent en fait auprès des internautes beaucoup plus comme une radio : elle favorise l'écoute préalable de musique qui peut se solder au final en achat. Ils estiment même que pour la musique la plus écoutée, pour 150 téléchargements gratuits sur Internet une vente de CD supplémentaire est générée. Ils avouent par contre que les petits artistes, moins connus, ont plus à pâtir du téléchargement.
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