LA CHAFOUINERIE POLITICO-SOCIALE.
 
 
Quelques trublions se font l’écho que le gouvernement tente de cacher les véritables chiffres du chômage. A contrario, nos élus nous bassinent des chiffres constamment revus à la baisse depuis des mois. Nous devrions nous en réjouir. L’INSEE devient soupçonneux à propos du pouvoir d’achat qui, selon cet indicateur, serait imaginairement en hausse. En tout cas, les ménages les moins aisés semble en profond désaccord avec les chiffres prétendument flatteurs. Pourtant le moral des ménages français est haut…
Pour le reste, le gouvernement s’engage dans les réformes touchant la sécurité sociale (y en marre de rembourser les gueux) ; la fin du droit de grève sous la forme qu’il lui sied (le service minimum obligatoire équivaut au droit de grève pourtant institutionnel) ; les heures supplémentaires (dont la comptabilité et la rémunération demeurent à la discrétion du patronat) ainsi que d’autres mesurettes de replâtrage façonnées de telle manière que l’on se sente, subitement, réveillés de la léthargie chiraquienne. Il est vrai que nous étions plongés dans une fin de règne.
Au vu des activités présidentielles, nous nous demandons à quoi peut servir le locataire du château de Matignon.
Les sondages affirment la confiance des Français en faveur du Président et celle de sa cour. Les journalistes nous informent, les chiffres du chômage continuent de baisser (une grande étrangeté), de nouveaux visages s’instillent dans la PAF, les remerciements affluent. C’est l’Eldorado ! Naturellement, quelques voix discordantes sourdent dans les travées lambrissées de l’Assemblée, mais, dans l’ensemble, nous baignons dans l’équanimité sarkozyenne.
Il demeure difficile de faire l’impasse sur la disparition du numéro deux du gouvernement Fillon, le sieur Juppé, éhontément viré comme un simple salarié. Sacrebleu ! Quelques esprits malintentionnés nous glissent au creux de l’oreille que tout a été préparé à l’avance car, disent-ils, cela restait prévisible, voire prévu. Une intention de nuire, de vengeance ? Oh ! shocking.
Durant la campagne présidentielle, nous avons connu l’épisode ou la désormais Première dame de France (en quel honneur cet inutile décorum ?) n’avait pas daigné accomplir son devoir électoral, qui plus est pourtant en faveur de celui qui partage sa vie. Il est vrai que, un peu plus tôt, elle batifola avec un amant. Il faudrait expliquer au chantre « du travailler plus pour gagner plus » que cela épuise les meilleures volontés et affaiblit les potentialités libidineuses. Bof !
Puis, tandis que les rancœurs naissaient au sein du PS, la nouvelle, tel un coup de tonnerre, frappa les esprits dépités ; François n’a plus le droit de visiter l’espace inter fémoral de Ségolène. Le renouveau de l’espace événementiel de la politique reste étonnant dans sa diversité et sa soudaineté. Ce ne sont pas les médias qui s’en plaindront. Ou plutôt une presse people et débridée que vient caresser de regards avides de sensationnel les lecteurs lobotomisés et qui s’empressent de recueillir ce genre d’informations intimes. Les pauvres lecteurs, s’ils se voyaient !
Ces deux non-évènements déterminent une âpre querelle chez les journalistes. Ceux qui sont pour l’information au principe qu’elle concerne des individus publics et donc supposés transparaître respectables et intègres aux yeux de la populace. Les autres, idéalistes dans l’âme, mais procédant sans doute à la déontologie afférente à leur fonction (bravo), n’éprouvent nullement le besoin de mettre dans les pages de leurs quotidiens ce voyeurisme primaire. Mais le peuple a soif d’infos, soif d’envies, soif de savoirs. Son existence aussi fade qu’inutile ne peut trouver sa légitimité que dans la chasse aux inclassables enchevêtrements inter pubiens de sa classe politique et de ceux qui nous gouvernent par les lois, par le fric, par la décérébration et l’abrutissement. Là, le peuple s’identifie et se projette vers des comparaisons possiblement réalisables. Bonjour, le mimétisme, l’image. À voir !
Pendant que les ondes hertziennes débattent à propos de l’âge d’un entraîneur de renom, et dont la présence demeure indispensable à l’existence d’un club de D1 (suscitant même l’émotion du locataire de l’Elysée), mais également sur l’opportunité de remettre la messe en latin dans les églises catholiques, les richesses s’amoncellent, la précarité s’étend. D’ailleurs, nous rappelle-t-on, à cause du prix des matières premières, les caddies coûteront plus cher dès la rentrée. Enfin ! voici quelques sujets de réflexion dignes d’intérêt. En tout cas pour le bon peuple. Des fessées se perdent. Mais patience, l’équipe Fillon y veille. Le ciel bleu se voilera prochainement. Mais c’est promis, seulement après les vacances de la moitié des Français. Le reste, les pauvres, n’y étant pas conviés.
Au secours, Voltaire.
« Divide ut regnes » proféra Machiavel.
 
B.

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