Le transfuge de plus haut rang qui soit jamais devenu 'informateur sur le régime de Saddam Hussein a dit aux inspecteurs d'armes de Nations Unies en 1995 que l'Irak avait détruit les stocks de toutes ses armes biologiques et chimiques après la guerre de Golfe. Mais les inspecteurs d'ONU ont caché ce chapitre de l'histoire de Hussein Kamel - qu'il a aussi exposé à des enquêteurs britannique et des services secrets des Etats-Unis - parce qu'ils ont voulu continuer à faire pression sur l'Irak pour en savoir plus. La révélation, annoncée dans le magazine amériain Newsweek, soulève de nouvelles questions sur les revendications des EU et de la Grande-Bretagne selon lesquelles l'Irak a échoué à présenter des explications à propos de ses stocks énormes d'armes biologiques et chimiques. De milliers de bombes chimiques et des milliers des litres d'anthrax mortels dont on dit qu'ils ont mystérieusement disparu à l'intérieur des frontières de l'Irak, la plus grande part date d'avant 1991. L'Irak a longtemps revendiqué avoir détruit ces armes "unilatéralement", mais un régime peu reconnu pour son honnêteté et sa franchise est accusé d'échouer à fournir la preuve tangible de cette destruction. Cependant "le compte-rendu du transfuge soulève la question de savoir si les réserves de WMD [les armes de destruction massive] attribuées à l'Irak existent toujours" estime Newsweek. Kamel, le gendre de Saddam, est passé à la Jordanie avec sa femme et sa famille en 1995. Son départ sensationnel, dans un convoi de Mercedes noires, a été perçu comme la preuve que le régime de Saddam devait bientôt tomber. Il a été exécuté après être retourné en Irak six mois plus tard dans l'espoir de la clémence de Saddam, et son frère également, qui s'etait aussi marié avec une des filles de Saddam. S'il n'y avait que ça, le rapport ne projeterait qu'une nouvelle lumière sur un des épisodes les plus bizarres dans l'histoire du régime et son leader. La valeur de Kamel comme un informateur, cependant, était énorme ; pendant dix ans il avait dirigé les programmes nucléaire, chimique, biologique et de missiles de l'Irak, aussi bien que des efforts irakiens pour tenir ces armes secrètes. Kamel a parlé tant à l'inspecteur en chef d'ONU à cette époque, Rolf Ekeus, qu'aux agents de la C.I.A. et du MI6 en Jordanie. Parmi d'autres révélations, il a fourni le premier rapport selon lequel l'Irak développait des usines d'armes biologiques mobiles - un sujet sur lequel Colin Powell, le Secrétaire d'Etat des EU, s'est étendu longtemps et de façon appuyée dans sa récente présentation/condamnation au conseil de sécurité de l'ONU. Mais l'information de Kamel selon laquelle l'Irak avait en fait - comme il l'a longtemps revendiqué - détruit des stocks d'armes chimiques et biologiques en 1991 n'a jamais été rendue publique. Tandis que les équipes d'inspection de l'ONU ont essayé d'examiner quelles armes l'Irak peut avoir construites depuis la guerre de Golfe, le mystère de ce qu'est arrivé aux munitions plus anciennes reste essentiel. L'officier de liaison en chef de l'Irak pour les équipes d'inspection d'ONU, le Général Hossam Amin, a dit hier que l'Irak avait commencé à creuser des tranchées dans les secteurs où il prétend que les armes ont été détruites. Une équipe d'ONU était attendue à Bagdad le 2 mars pour examiner les sites et effectuer des tests sur le sol, a-t-il dit. Le général Amin a aussi dit que l'Irak n'avait pris aucune décision à propos de l'ordre de l'ONU de détruire ses missiles Al Samoud 2. Mais "nous sommes sérieux dans la résolution de ce point", a-t-il dit. Dans son le rapport au conseil de sécurité de l'ONUle 27 janvier, Hans Blix, l'inspecteur en chef de l'ONU, a apporté son soutien au camp de la guerre quand il a accusé l'Irak de coopération sur le processus, mais pas sur la substance. Dans le début de son rapport, M. Blix a noté qu'"une de trois questions importantes devant nous aujourd'hui est combien pourrait rester non déclaré et intact de ce qu'il y avait avant 1991 ; et, probablement, ensuite". La deuxième question, a-t-il dit, était qu'est-ce qui se passe si quelqechose a été illégalement produit ou acheté après 1998, une fois que les inspecteurs ont quitté le pays, et la troisième était comment la production des armes de destruction massive pourrait être empêchée à l'avenir. M. Blix a choisi la question des 6,500 bombes chimiques dont on a perdu la trace et qui pouvaient contenir jusqu'à 1.000 tonnes d'agents chimiques. Les bombes manquantes datent d'avant 1991, et l'Irak prétend qu'elles ont été utilisées dans la guerre Iran-Irak, qui s'est terminée en 1988. M. Blix a aussi soulevé la question des quelques 8.500 litres d'anthrax, que l'Irak "déclare qu'il a unilatéralement détruit pendant l'été de 1991. L'Irak a fourni peu de preuve sur cette production et aucune preuve convaincante de sa destruction," a-t-il dit. L'Irak a aussi prétendu qu'une petite quantité du poison mortel VX, qu'il a produit, a été unilatéralement détruite dans l'été de 1991. Quand M. Blix est revenu devant l'ONU avec son rapport beaucoup plus favorable le 14 février, il a noté que l'Irak avait fourni une liste de 83 personnes impliquées dans la destruction unilatérale de produits chimiques, qui "semble utile". Newsweek a dit qu'il avait obtenu les notes du compte rendu de Kamel devant l'équipe d'ONU et qu'il a fait les mêmes déclarations au MI6 et à la C.I.A.. Mais ses révélations ont été dissimulées pour deux raisons, selon le magazine. Saddam ne savait pas ce que Kamel avait révélé, et les inspecteurs ont espéré jouer au bluff ; de plus, il n'y avait aucune preuve corroborant la destruction des armes. Kamel n'a pas donné de l'Irak un bilan de santé impeccable. Il a dit que les stocks avaient été détruits pour cacher les programmes, plutôt que pour y mettre un terme, l'Irak conservant secrètement les plans, les disques informatiques et d'autres détails techniques, en vue de reprendre la production après dès les inspections terminées. La défection de Kamel en août 1995 était un scoop international. Il est sorti d'Irak dans un convoi de Mercedes noires avec sa femme, Raghad, son frère, Saddam, sa belle-soeur, Rina et plusieurs des petits-enfants de Saddam Hussein. On mit ça sur le compte d'une querelle de famille avec Hussein Uday, le fils de Saddam. Le gouvernement irakien, sévèrement déconcerté, a immédiatement admis pour la première fois qu'il avait un programme d'armes biologiques - quoiqu'il ait persévéré dans sa déclaration que les armes avaient été détruites. Kamel a parlé aux inspecteurs de la tentative de l'Irak de développer son propre missile, le Projet 1728 et du comité secret, créé par Saddam lui-même, mis en place expressément pour tenir le secret face aux inspecteurs. Rejeté par l'opposition irakienne, et se plaignant que les fonctionnaires occidentaux qui lui étaient envoyés étaient trop juniors, il a pris l'étrange décision de retourner en Irak. Les deux frères ont été forcés de divorcer d'avec leurs femmes et ont été tués dans un affrontement à l'arme à feu avec la garde présidentielle peu de temps après. La résolution de cessez-le-feu d'ONU qui a mis fin à la guerre de Golfe le 3 avril 1991, a fixé les règles du jeu pour le travail qui se poursuit aujourd'hui. Elle a appelé à la destruction, au déplacement ou à la modification pour rendre inoffensif toutes les armes biologiques et chimiques et tous les stocks d'agents et de composants. Les mêmes règles s'appliquent aux missiles balistiques ayant une portée supérieure à 93 miles. La stratégie des équipes d'inspection de l'ONU en Irak, a dit un expert, est "avant tout de la comptabilité. Elle a toujours consisté à forcer les Irakiens à rendre-compte et à donner des preuves documentées de toutes leurs déclarations et affirmations". Le général Amin a hier dit aux journalistes que l'Irak étudiait une lettre de M. Blix ordonnant la destruction de tous les missiles Al Samoud 2 , les ogives, le carburant, les moteurs et autres composants. L'Irak a déclaré 76 Al Samouds, mais l'ONU en estime qu'il peut y en avoir jusqu'à 120. |