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Que tous ceux qui critiquent les Américains et les Anglais lisent ça !

n°307606
theduke93
Posté le 31-03-2003 à 19:01:59  profilanswer
 

C'eet un peu long mais c'est édifiant sur ce qu'est le régime Irakien.
 
 REUTERS/Jerry Lampen
 
Faubourgs de Bassora envoyé spécial
 
Ils quittent la ville sous le bruit du canon. La déflagration des obus ébranle les faubourgs. Le fracas des chars soulève des nuages de poussière. Un homme retient des couvertures sous un bras, un nouveau-né sous l'autre, le regard affolé. Une femme trébuche, reprend son souffle, la main sur son coeur. Des jeunes marchent au trot, un vieillard à califourchon sur leurs épaules. Ils viennent de franchir le pont surplombant le large canal, voie de sortie de Bassora. Il sépare «l'Irak libéré de l'Irak emprisonné», résume un soldat anglais. Au milieu du pont, la vue est saisissante. Bassora et son 1,2 million d'habitants s'étalent à perte de vue. Sept puits de pétrole mis à feu vomissent une colonne de fumée qui s'élève dans un voile opaque. Une tranchée dans laquelle on a mis pétrole et huile dégage un nuage dense et âcre dans la ville. Sur la gauche, des bâtiments pilonnés d'une université et les premières habitations.
 
Bus, voitures, tracteurs, piétons... ils sont des centaines à attendre d'être fouillés par les marines britanniques avant de pouvoir sortir de la deuxième ville du pays. Ils marchent vers Oum Kasr ou Al- Zoubei, les deux seules villes partiellement sécurisées par la coalition et où ils ont des proches. Certains ne reviendront pas. «Trop étouffant, trop dangereux», souffle un étudiant. D'autres sortent «pour se reposer enfin». Voir ce qui se passe. Voir «si ce que racontent les autorités, qui parlent de l'"occupation meurtrière" en dehors de la ville, est vrai...», résume l'un d'entre eux. D'autres, encore, sortent des plateaux d'oeufs dans les bras. Les habitants ont, semble-t-il, de quoi tenir : «On a trois mois de stocks de nourriture, résume Fadil, 50 ans. Il y a encore un peu d'approvisionnement en eau et, parfois, de l'électricité. Des produits frais, aussi.»
 
Foire permanente aux «nouvelles»
 
A la sortie du pont, ou un kilomètre plus loin, selon les jours, un autre check point filtre, lui, ceux qui veulent rentrer en ville. Une formidable cohue. Il y a là des pick-up qui patientent sous un soleil brûlant pour faire passer des caisses de tomates. Juteux trafic. Leur prix explose une fois le pont passé : 50 dinars à l'extérieur de Bassora, 1 000 à l'intérieur. Le prix du litre d'essence se négocie, lui, autour de 20 dinars... «Toutes les échoppes sont ouvertes, s'énerve un homme en keffieh. Le gouvernement nous l'a dit : "Ouvrez ! Vendez !" Mais c'est impossible de passer.» Il y a là des proches qui tentent de prendre des nouvelles de leurs familles à l'extérieur. D'apporter des légumes frais à l'intérieur. Ou des médicaments. «Mon fils a 25 jours, se désole Abdel. Il a besoin de ces pilules contre la diarrhée. Je vous en supplie, dites aux "Américains" de me laisser passer. Ils n'ont aucune pitié ; même Israël est plus humain.»
 
Il y a là une foire permanente aux «nouvelles». «Vendredi, ils ont bombardé une installation pétrolière et tué 8 personnes, en blessant 16 autres», dit l'un d'eux. «L'aide alimentaire, c'est de la pub, rien d'autre», ajoute un autre. «Les bombes, c'est ça la liberté ?», interroge un troisième. On spécule sur les rumeurs («deux maisons ont été bombardées, deux bébés sont morts»), invérifiables, on s'engueule sur le nombre de victimes de Bassora : «100, 150 ?» «Depuis le début la guerre ?» «Non, chaque jour !» Un ex- combattant de la guerre Iran-Irak extirpe une lettre de la Croix-Rouge. Détenu pendant huit ans en Iran, il touche une pension de l'armée mais a refusé de prendre les armes : «Je suis sorti prendre des tomates pour mes enfants, il faut une journée pour faire l'aller-retour sous les tirs...»
 
«Ici, c'est l'Irlande du Nord»
 
Des prisonniers de guerre encadrés par quatre soldats britanniques sont conduits vers un bâtiment qui sert de refuge aux «coalisés». Sept tanks filtrent l'accès au pont vers Bassora. La stratégie britannique semble claire. Il faut contenir la foule qui se presse, attendre deux ou trois heures qu'elle grossisse. Puis fouiller à corps tous ceux qui se présentent. Laisser d'abord passer les vieux et les femmes. Et enfin, quand les coups de gueule ne suffisent plus, quand les appels à s'asseoir ne font qu'accumuler la frustration et multiplier les concerts de Klaxon, les chars entrouvrent le passage. «C'est aussi le seul moyen d'éviter des attaques-suicides : créer des embouteillages, contrôler les flux, limiter les mouvements», résume un jeune Britannique. Hier matin, sur le coup de 11 heures, près d'un millier d'Irakiens ont ainsi déferlé en direction du pont, le poing levé, au cri de «Saddam, Saddam !». Les marines tentent de canaliser tout cela, tout en tenant leur position malgré la haute tension.
 
«Ici, c'est l'Irlande du Nord, une guérilla, une guerre de terrorisme», estime le Sergent Dunbar, un Ecossais, qui sort une photo de lui. En kilt. «Il nous a fallus trente ans pour "pacifier" Belfast. Ici, il faudra moins. Mais combien, je ne sais pas.» «Nous ne nous attendions pas à une telle résistance, mais lentement et sûrement Bassora est en train de capituler», assurait de son côté, hier matin, le colonel Vernon, porte-parole de l'armée britannique à Koweït. Des haut-parleurs ont appelé les populations à venir chercher à l'extérieur l'aide humanitaire... qui n'arrive toujours pas. Des tracts ont été lancés dans tous les quartiers pour expliquer la guerre «de libération», tenter de grignoter, chaque jour, davantage de confiance. Mais la peur tétanise la ville. «Bassora tombera quand on saura que Bagdad est tombé ou va tomber», résume Fadil.
 
Siège «light»
 
Bassora se retrouve pris au piège d'un siège. Un siège «light». Une guerre de positions qui ne dit pas son nom. Un «gel» de facto de l'offensive. La ville chiite illustre le dilemme auquel est confrontée la «coalition» : tenter de faire tomber les villes sans s'aliéner la population, en évitant au maximum les pertes civiles. «Ils pensaient qu'on leur enverrait du riz et des fleurs, mais la population n'oublie pas», répètent les Irakiens du Sud. Le soulèvement, l'«intifada» des villes chiites du Sud, en 1991, a été réprimé dans un bain de sang, avec le silence complice des libérateurs du Koweït. Il aurait fait jusqu'à 30 000 morts dans Bassora seul. Alors, les Britanniques premier occupant occidental de la ville, chassé du pays en 1920, mais un peu mieux vu par la population que les Américains , tentent de taper sur les cibles symboliques. Il se dit que des commandos, les «rats du désert», auraient infiltré de nuit des quartiers de la ville pour détruire deux statues de Saddam et cinq blindés. Que des bombes seraient tombées sur un QG du parti Baas. Il y aurait eu 200 morts, confirmait hier le commandement américain au Qatar. Un général irakien aurait également été capturé dimanche matin après des combats dans un faubourg de la ville. Information fournie par l'état-major britannique au Qatar... mais démentie par Bagdad.
 
Quoi qu'il en soit, l'attentisme prévaut. 4 000 marines britanniques camperaient autour de Bassora. «Il en faudrait 15 000», dit un expert, pour tenter de prendre la ville. En attendant, des soldats font le ménage. Vident dans le canal des boîtes de cartouches d'explosif laissées sur le pont pendant 24 heures... Sur les sachets en plastique framboise, il est écrit : «Société des poudres et explosifs». Du made in France, en 1983. «Ça vient de chez vous ? Oh my God !», s'étrangle le bidasse, sous le regard indifférent des Irakiens.
 
Les «yeux de Saddam» omniprésents
 
Car, à l'inverse d'Oum Kasr, où les enfants crient et applaudissent et où les pouces se lèvent au passage des militaires, la parole n'est pas libérée autour de Bassora. Le Moukhabarat (les services secrets) envoie des espions en civil papillonner autour des check points. Jauger le nombre et les positions des troupes anglaises. Juger de l'éventuelle «collaboration» de ceux qui lèvent le pouce au passage des tanks. Ceux qui sortent laissent souvent de la famille. Ceux qui rentrent risquent de laisser gros dans la bataille des mots... Alors on se confie par bribes, en marchant, avant que d'autres ombres ne vous collent le train. «Quand on a vécu trente-cinq ans sous Saddam, on n'en parle pas en trente-cinq minutes», lâche un homme en costume, avant de hâter le pas. Un autre ajoute : «Libérez d'abord la ville, et là, on vous racontera peut-être ce que c'était.»
 
Un homme, casquette vissée sur un front inquiet, aurait «tant de choses à dire». «J'enseignais le tae- kwon-do aux fedayin. Ils m'ont demandé de les aider. J'ai refusé. Des hommes ont entouré ma maison...» Il n'en dit pas plus. Un homme lui colle le train, se joint à la discussion. «Un oeil de Saddam», bredouille le prof d'art martial. Chaque fois, ou presque, le même scénario. A la moindre discussion avec un étranger, les partisans du régime s'incrustent, laissent traîner une oreille ou coupent court à toute discussion. «Je cherche un camp de réfugiés pour faire passer ma femme et mon bébé», s'enquiert Hassan. Un autre le rejoint, chapelet dans la main, apologie de Saddam dans la bouche. Et ajoute au passage : «Ils ont lancé des bombes, tuant 26 personnes d'un coup. Des bébés aussi.» A côté, Hassan : «Oui, oui, laissez notre gouvernement gouverner !» Et il suit la foule qui regagne Bassora, l'air résigné.
 
«Ils l'ont tué d'une balle dans la tête»
 
Ceux qui acceptent de parler prennent des risques. Ils le savent. C'est le cas de ce vieil homme digne et de son fils qui lui intime, en vain, l'ordre de se taire. «Quand allez-vous enfin nous libérer ? Ah, vous êtes français... Pourquoi n'avez-vous rien fait pour nous ?» Ali, 22 ans, tremblote dans sa chemise bleue : «On n'ose même plus parler entre nous. On ne se fait même plus confiance entre amis, entre membres de la famille.» Les fedayin auraient créé des check points pour, eux aussi, filtrer les sorties. Ils auraient occupé les maisons les plus proches des lignes des coalisés. «Ils entrent dans les maisons de civils, mais certains résistent et leur demande de partir», souffle Zouheir, 40 ans, qui parle de «soulèvement verbal». Mais personne ne parle d'intifada, comme l'ont assuré les Britanniques.
 
Deux jeunes déserteurs, 18 et 19 ans, confirment en revanche la tactique de la terreur perlée menée par les fedayin... Eux sont venus jusqu'à Oum Kasr, à 60 kilomètres de Bassora, et patientent à l'entrée d'une base britannique pour se constituer prisonniers. Le plus effacé vient d'Al-Zoubei, supposé libéré. Il dit : «Vendredi soir, des membres du parti Baas sont passés de maison en maison pour faire évacuer la ville. Ils lançaient : "Videz la ville, sortez et partez résister, ailleurs !" Puis ils ont tiré sur des patrouilles anglaises qui passaient. Ils sont sortis par-derrière. Les Anglais ont répondu par des tirs sur les maisons. Il y a eu trois morts...» Le plus loquace vient, lui, de Bassora. Appelons-le Ahmed. Jeudi matin, à l'aube, ce conscrit a troqué sa tenue militaire pour un sweat-shirt orange. Il a passé, à pied, le premier point de contrôle britannique à la sortie du pont. Puis Ahmed a marché «trois jours». Il dit qu'il existe bien des check points, des contrôles irakiens à l'intérieur de Bassora. «Surtout au nord.» Objectif : verrouiller les défections militaires. «Un comité spécial a même été mis en place. Ceux qui ne veulent pas combattre sont renvoyés vers les lignes arrière et tués.» Son meilleur ami, lui, n'a même pas eu le temps de sortir de la ville : «Ils l'ont tué d'une balle dans la tête.» Il raconte aussi qu'il n'a pas vu de traces de la garde républicaine, les unités d'élite de Saddam Hussein. Mais «beaucoup de fedayin». Combien ? «Quatre compagnies sont venues, de 600 unités chacune, 2 400 en tout. Trois sont parties.» Peut-être...
 
Dans le port d'Oum Kasr, seules résonnent encore les énormes détonations de mines que les artificiers font exploser pour déblayer l'accès au dock. Puis il y a des batteries antiaériennes laminées par les F18. Des carcasses de tanks pulvérisées. Des vieux canons figés par la violence de l'impact, des douilles à leurs pieds. Un paysage qui s'accélère lorsque l'on approche de la deuxième ville irakienne. Personne ne sait encore quand, comment et à quel prix Bassora basculera.

mood
Publicité
Posté le 31-03-2003 à 19:01:59  profilanswer
 

n°307614
Profil sup​primé
Posté le 31-03-2003 à 19:05:25  answer
 

tu peux resumer stppp

n°307615
Trasher en​ boots
Posté le 31-03-2003 à 19:05:45  profilanswer
 

T'as raison ...... c'est un peu long


---------------
Il n'y a qu'une chose qui puisse rendre un rêve impossible, c'est la peur d'échouer.
n°307620
noldor
Rockn'roll
Posté le 31-03-2003 à 19:07:06  profilanswer
 

Soit.
Rappelons tout de même que cette guerre n'a pas pour prétexte officiel la chute du régime irakien.


---------------
http://runnerstats.net
n°307625
theduke93
Posté le 31-03-2003 à 19:08:36  profilanswer
 

ça montre le régime de terreur dans lequel vivent les irakiens et leur peur de parler librement.

n°307627
Danette
Posté le 31-03-2003 à 19:09:21  profilanswer
 

theduke93 a écrit :

ça montre le régime de terreur dans lequel vivent les irakiens et leur peur de parler librement.


 
On sait.
 
Pas d'amalgames, stp : ce n'est pas parce que l'on est contre cette guerre illégitime qu'on est pour Saddam Hussein.

n°307630
PrianiK
battletag Vdz#1233
Posté le 31-03-2003 à 19:10:02  profilanswer
 

theduke93 a écrit :

ça montre le régime de terreur dans lequel vivent les irakiens et leur peur de parler librement.


 
et c'est koi le rapport  avec les ricains ? tu crois k'ils vont instorer une democratie ? sa va se passer comme en Afghanistan pour moi, ils prennent ce pourquoi ils sont venus et apres c'est plus leurs probleme

n°307687
Profil sup​primé
Posté le 31-03-2003 à 19:27:55  answer
 

Il y a d'autres topics parlant de cette guerre. Si tout le monde fait un nouveau topic par opinion, la première page de la sous-cat' Actualités en sera remplie. Donc close.


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