Si vous me permettez, recentrons les choses sur Apple :
Apple est le #1 des ventes de musique en ligne, et compte bien devenir le #1 des ventes de contenu tout court. C'est bien le seul secteur ou Apple est 1er, et c'est la 1ere fois de sa vie. Alors oui, l'iPhone comporte des espions dans l'OS, tout comme Windows en comporte également, Chrome, et tellement d'autres car c'est facile à mettre en place et que les lois françaises ne sont pas les lois internationales. Personne ne lit les CLUF ni ne les comprend hormis des juristes aguerris, donc tout va bien (Les condamnations restent anecdotiques vu le peu de gens qui se plaignent). Et si c'était le cas, Facebook n'aurait pas autant d'inscrits, vu que son business est de collecter et revendre des informations sur ses inscrits, et que c'est clairement dit pour qui sait lire le jargon utilisé. Apple, comme beaucoup d'autres, veut étudier les habitudes de consommation et les goûts des utilisateurs pour adapter son offre. Est-ce un mal ? Le premier espion au monde, ce sont les états, et aujourd'hui via le net certains n'imaginent pas leur pouvoir (avec ou sans VPN). En comparaison, le pouvoir d'espionnage d'Apple est ridicule et ne sert qu'a des fins commerciales.
Mais inutile de se quereller sur l'iPhone : Il est déjà mort d'après de nombreux analystes, au nom de l'obsolescence programmée chère à Apple depuis le retour et le sauvetage in extremis de la marque par Steve Jobs. Ingénieur chez IBM aux états-unis dans les années 80, j'ai vu la naissance d'Apple et sa croissance, et nous étions persuadés de son inévitable déclin lors de l'arrivée du Pentium. Ce qui fut d'ailleurs le cas. Apple n'a jamais vraiment décollé et n'a jamais représenté une réelle menace dans le secteur ou la société a commencé à œuvrer (l'ordinateur personnel). Ses parts de marché ont toujours été relativement faibles, à l'inverse de son image de prestige. Quand le Pentium est sorti, beaucoup d'éditeurs de logiciels et de fabricants de hardware exclusifs Apple ont lâché l'exclu à la marque pour proposer des solutions identiques sous PC (Adobe, Digidesign/Avid, Quarck, et bien d'autres). Pas fous, vu le marché, ils n'allaient pas mourir avec Apple qui sombrait totalement. Il faut savoir que les professionnels de certains secteurs étaient totalement sous le très couteux dictat d'Apple, à cause du fait de l'existence de certaines solutions (PAO, Montage vidéo, MAO) développées uniquement sur l'obscur matériel Apple (que l'on avait pas le droit d'ouvrir). Étant les premiers à offrir des solutions dans ces secteurs, ces solutions sont devenues le standard professionnel, et Apple a enfermé les pros dans leur marque, croyant que ça leur assurerait la pérennité. Grave erreur de débutant, cela n'a jamais fonctionné et les exemples d'empires déchus suivant cette stratégie sont légion. A la sortie du Pentium, ce fut un coup de grâce pour Apple, dont on prédisait la mort. Mais Steve Jobs est revenu et a tout changé, et s'est attaqué au marché hitech grand public. Et en bon gourou charismatique qu'il est, il a mené Apple là ou la marque n'était jamais arrivé, à un succès d'estime et financier qu'elle n'avait jamais atteint.
Et Apple, c'est vraiment une marque a part. Que l'on aime ou pas, elle fascine, elle irrite, elle est adulée ou détestée, elle a en tout cas de nombreux fans qui sont identiques à des pratiquants religieux intégristes (un documentaire scientifique, "La Firme" je crois en français, a même démontré la chose grâce à des neurologistes). Il faut voir ce qui se passe aux états-unis pour bien comprendre le phénomène : Apple est un Dieu, et Steve Jobs le messie, quoi qu'il fasse ou dise. Cela a toujours été plus ou moins le cas, autant que je m'en souvienne, mais cela atteint des proportions bien plus importantes. Posséder un produit Apple, ça fait chic, c'est tendance, classe, raffiné, c'est "penser différemment de la masse", et être à la pointe. Et ce n'est pas le fruit le hasard : Tout le génial marketing de la société depuis le début a été conçu pour conditionner les clients à croire cela. Apple n'a jamais visé les experts en technologie mais les bobos que les tréfonds de l'informatique ennuie prodigieusement, et a commencé en disant ouvertement que leurs produits étaient meilleurs et plus beaux que les autres. Ils étaient en avance sur cette stratégie qui est maintenant presque une norme. Or, même si en aimant pas du tout cette marque on peut aisément reconnaitre qu'esthétiquement les produits Apple sont très réussis, technologiquement ils sont très loin d'être à la pointe. Et pour cause, Apple n'invente rien, ne fabrique rien, il rachète, vole (et paie ensuite les amendes, ce qui revient moins cher que d'investir en R&D), recycle, vulgarise de vielles technologies, sous-traite quasiment tout, sa grande force résidant dans le marketing (la façon de présenter, vendre, et payer des émissaires qui font sa publicité glorifiante) et l'étude des comportements des consommateurs. Ce n'est pas une spécificité d'Apple. Le conditionnement est l'une des bases du marketing de longue haleine, car on sait avec certitude depuis une bonne cinquantaine d'années que l'homo sapiens est l'un des animaux les plus grégaires qui soit : si un groupe de 100 personnes adopte une attitude, une idée ou un objet, et qu'un autre de 10 personnes en adopte un autre, la masse aura tendance a aller vers le groupe de 100. L'homo sapiens n'est pas un animal qui réfléchi beaucoup à sa condition ou qui fait des choix très documentés, il reste un animal assez primitif et pulsionnel qui fonctionne à l'émotion bien plus qu'a l'analyse et à la raison. C'est la base du marketing, séduire de façon pulsionnelle en montrant que des gens qu'on apprécie ou qu'on admire ont fait ce choix eux aussi (Et donc, cela sous-entend par ailleurs qu'on est un vrai con si on ne fait pas ce choix nous aussi).
Toute cette frénésie pour une marque très obscurantiste et a mille lieux de son image dans la réalité, ça laisse forcément rêveur beaucoup d'autres entreprises. Malgré des fuites peu glorifiantes ces dernières années, et de nombreux procès pour vol de brevet, la marque jouit d'une réputation sans faille. Comment Apple a réussi a se faire passer pour une marque aussi sympathique, respectueuse et chic, tout en étant ce qu'elle est dans la réalité ? Beaucoup d'entreprises aimeraient avoir cette image, et si Google l'avait aujourd'hui par exemple, il serait le maitre le monde. D'où Android...
Consultez les chiffres sur Gartner, IDC Worldwide Mobile Phone Tracker et autres pour voir ce qui se passe : Android est en train de prendre tout le marché, il a même été porté sur iPhone pour faire un pied de nez à Apple. Sur la toile, l'engouement est gigantesque, tout le monde veut Android sur son mobile (effet de masse décrit précédemment). Une progression fulgurante (ventes x7 en moins d'1 an !) à l'image de celle de Google. Android est devenu en 1 an l'OS le plus vendu au monde sur smarphone, loin devant Apple pourtant présent depuis plus longtemps, et alors qu'il ne représentait que 10% du marché en 2010 (presque 40 maintenant, et 50 prévu en 2012). Et si on regarde leur côte et leur CA, Apple fait figure de PME a coté de géants tels que Google, Nokia ou Samsung. Ils n'auront pas les moyens de lutter si ces géants décident de tuer l'iPhone (Nokia/Microsoft, Samsung/Android), aucun doute là dessus, c'est la loi impitoyable du business, les plus gros mangent les plus petits. Contrairement à des croyances stupides, Nokia est toujours de très loin #1 avec 450 millions de portables vendus dans le monde sur un peu plus d'un milliard au total (malgré leur chute vertigineuse dans la niche du smartphone), et Samsung est toujours 2e avec 280 millions d'unités. Dans cet univers de titans, Apple représente 3.4% des ventes de mobiles dans le monde, et 16.8% (15.6 l'année dernière) sur la seule niche du smartphone. Ça remet vite les pendules à l'heure. Même si Apple a bien progressé (47 millions d'iPhone 4 vendus, contre 26 millions d'iPhone 3), ils sont très loin de la progression d'Android ou des ventes des ténors du domaine. Autant dire que la réalité n'est donc pas à l'image de ce que véhicule un pays comme la France, pays très riche et grand consommateur de produits hitech. Même en France, Samsung reste #1 des ventes de mobiles et smartphones avec 40% de parts de marché (en légère croissance notamment grâce au grand succès du Galaxy S). Et pourtant, si on regarde la presse, les médias, le net, on pourrait croire que l'iPhone est LE smartphone ultime que tout le monde a ou rêve d'avoir, l'arme absolue à posséder pour être dans le coup. Dans la réalité, hors marketing et phénomène passionnel envers la marque, il en va tout autrement, ce n'est qu'un produit parmi tant d'autres, et absolument pas le plus vendu
Quel que soit le smartphone, "l'espionnage" est présent dès qu'on utilise la synchro mail, la synchro réseaux sociaux, le store, les widgets et toutes les fonctionnalités réseau. Et ce, que ce soit via une surcouche opérateur ou via les services proposés par le constructeur (Samsung n'est pas en reste avec son service de social hub). Et l'opérateur n'a pas besoin de surcouche pour filtrer les requêtes, étant donné que tous les paquets transitent par son réseau. Sur un mobile, vous n'avez ni pare-feu ni logiciel de contrôle des paquets, et certains seraient étonnés de voir ce qui s'y passe, quel que soit le mobile...
L'abonnement Orange qui s'appelait (s'appele encore ?) Origami Star Plus iPhone n'est en rien réservé à l'iPhone ou obligatoire pour lui. C'est juste un abonnement illimité (pas tout à fait, il faut lire les astérisques...) pour tous les smartphones faisant un usage intensif et régulier du réseau. l'iPhone 4 n'utilise rien de "spécial" par rapport aux autres, il était même déjà dépassé a sa sortie sur plusieurs points : il n'utilise par exemple pas le réseau aussi intensivement que bien d'autres smartphones sortis en même temps ou juste après, et son OS n'est pas un modèle en ce qui concerne l'intégration au système des réseaux sociaux, chers à d'innombrables personnes dans le monde. Il est évident qu'ils ont estampillé cette offre "iPhone" car commercialement, c'est tout de même le téléphone qui a fait explosé la niche jusque là très faible du smartphone. Il n'y a rien a dire la dessus, Apple est un génie marketing, mais n'a ni la structure, ni les moyens, ni les compétences pour inquiéter des titans comme Google quand ils décident de leur voler la vedette. Et Google, ce n'est pas une "gentille" entreprise non plus, loin de là... Chrome est une sacrée usine à espionnage et enferme également les gens dans les technologies de la marque, l'air de rien...
Message édité par Strapontin le 09-06-2011 à 22:15:52