Salut, BlackShark,
(puisque le Grand Requin Blanc est si terrible, le Noir doit être un gentil)
Je fais comme si je m'adressais à toi, mais ce topo est plus général.
Allons-y.
J'étais donc bien là en cette fabuleuse et unique année 1968: Le Printemps de Prague, la France totalement paralysée deux mois (quelles vacances!), le saut fabuleux de Bob Beamon à Mexico, le sommet du mouvement Hippie, ... Il n'y a que l'Homme sur la Lune qui a attendu 1969.
En télévision on ne parlait pas de progressif pour la diffusion. Pas fous !
Oui, il a toujours été question de lignes entrelacées: 819 entrelacé(ni PAL, ni SECAM, car PAS de couleur, mais image très piquée) , 625 (oui, on ne désigne le format TV que par le nombre de lignes VISIBLES, les autres servant à divers transports de réglages) en PAL (un dérivé européanisé du NTSC) ou SECAM (la version française de la gestion de la couleur) ou 525 en NTSC ("Never Twice the Same Colors", je le rappelle!).
Lorsque les moniteurs informatiques sont arrivés l'affichage "genre télé" a paru insuffisant, inacceptable et le progressif s'est imposé (la fabrication était la même, seul l'affichage changeait). Il ne pouvait PAS en être autrement car un détail manquant pouvait tout changer. Prendre l'exemple, sous Excell, d'une simple virgule mal placée concernant une somme en milliards d'euros; l'affichage sur le moniteur se devait de respecter ce désir de perfection.
La télé, ne devant QUE faire défiler 25 images chaque seconde, n'avait que faire d'une telle précision puisque la VISION HUMAINE ne pouvait la déceler (la limite est considérée comme 21/22 i/s). Et l'économie que présentait l'entrelacement était évidemment apprécié.
Le problème de la télé en progressif ne s'est posé que lors du passage vers le numérique. Début de ce siècle, donc. L'adoption du matériel informatique l'a rendu OBLIGATOIRE, ulitisé ou pas.
Tant qu'il s'agissait de télévision l'entrelacé suffisait encore. C'est pourquoi les européens ont opté pour le 1080i, bien suffisant, nous l'avons vu, pour "suivre des histoires" où l'important pour notre cerveau n'est pas la précision mais la succession des images.
Mais devant cette augmentation de la définition, le cinéma est intervenu, qui avait besoin du progressif afin que le lignage agrandi sur grand écran ne soit pas visible, comme avec bande traditionnelle.
Les très nombreuses discussions se portèrent sur la justification de l'un ou l'autre des modes.
La conclusion peut être résumée ainsi:
Soit on accepte l'entrelacé et on peut monter très haut, la vision humaine étant dépassée; soit on veut de la précision sur l'image arrêtée (mais ce n'est plus de la vidéo, plus de la télé) et on est obligé de se contenter de beaucoup moins de lignes pour compenser le "poids" du débit.
Les moniteurs informatiques affichant largement plus il n'était pas difficile d'adopter le 720p. Comme c'était 200 lignes visibles de plus que le NTSC, les américains qualifièrent cela de haute définition. Et la lancèrent rapidement car l'essouflement du NTSC était criant et les industriels très demandeurs.
Les européens, arguant de leur passé haute définition analogique D2Mac en 1250 lignes des années 90, ne pouvaient décemment pas accepter une évolution si faible (100 lignes de plus seulement!), et pourquoi ne pas le dire, une RETROGRADATION (par rapport à la vision 819 lignes pour les français). Pour eux l'entrelacement, ne pouvant être convenablement décelé par l'oeil humain, était acceptable, surtout à cette définition-là, avantageux même. A changer de système autant que ce soit radical. D'autant plus que, pour afficher 1080 lignes, même en entrelacé il faut qu'elles existent physiquement. Les nouveaux téléviseurs portent donc 1080 lignes. Qui ne sont exploitées qu'en alternance par moitié chaque 1/50 de seconde. Mais, si on veut, on peut toujours les exploiter totalement chaque 1/25 de seconde: cela devient du progressif; Qui plait au cinéma qui doit agrandir énormément ses prises de vues, et aux amoureux de belles images arrêtées qui les veulent précises. Si les lignes n'existent pas, on ne peut pas les inventer. Je crois savoir qu'un téléviseur HD ready ne possède que 736 lignes (pour en afficher 720).
Le 720 lignes, finalement, n'est que du SD (NTSC, PAL, SECAM) légèrement musclé en nombre de lignes et affiché en 1/25 ou 1/30 de seconde: un moniteur informatique de TRES BAS DE GAMME en somme, que personne n'acceperait aujourdh'ui chez soi pour son ordinateur. Car ce genre d' écran est appelé à être utilisé pour la tv ET pour l'ordinateur. Un seul écran pour tout !
Les américains l'ayant adopté et utilisé dès 2003 pour des raisons économiques (il est faux de dire qu'ils ont préconisé le 1080i puisque c'est le contraire qu'ils ont voulu: du facile, pas cher à produire), ces appareils sont donc fabriqués depuis lors, et le marché européen naissant était un bon réceptacle pour amortir les investissements et visionner ces images déjà produites outre Atlantique. C'est ce que nous faisons quand nous téléchargeons les fameux "trailers", c'est à dire les bandes annonces des films, en 720p. Cela a été baptisé "HD ready" (en Europe) et proposé promptement avant que la VERITABLE HD en 1080 lignes n'arrive sur le marché. Vendre vite avant que le produit définitif n'arrive tant que le public n'est pas au courant des vraies normes. Ces téléviseurs peuvent afficher les images HD envoyées par les chaines (ils sont "ready" = prêts), mais vu leur limite à 720 lignes, ils en font sauter une bonne partie, puisqu'il en manque 360 (50 % !).
Bien sûr que l'image est belle par rapport au SECAM; il ne manquerait plus qu'elle ne le soit pas ! Mais insuffisante par rapport à ce que ça peut être. A ce que ça DOIT être.
Comme est heureux celui qui ne reçoit plus qu'un coup de bâton alors qu'on lui en donnait deux auparavant. Mais qui ne sait pas que la règle a changé et que la norme est désormais ZERO coup !
Certains peuvent rétorquer que les téléviseurs 1080 lignes ne sont, pour l'instant, qu'en affichage entrelacé. Bien sûr, mais c'est l'AFFICHAGE qui est entrelacé, pas l' ECRAN. L'ordre qui est donné, pas l'exécutant ! ils peuvent donner du 1080 progressif (puiqu'ils possèdent NATIVEMENT, PHYSIQUEMENT, ces 1080 lignes) si on leur en envoie, au lieu de leur demander d'afficher tantôt les lignes impaires, tantôt les lignes paires.
Ces téléviseurs arrivent, encore un peu cher (l' ACER est le premier à moins de 2000 ), mais finiront, baisse des prix aidant, par chasser ce que je nomme encore et toujours des "erzatz de HD" que sont les 720 lignes, surplus des volontés des industriels américains. Et pain béni des gogos adorateurs du Coca Cola, des hamburgers, des visières arondies, des Nike et de l' anglais de pacotille. C'est personnel, mais je connais assez ce pays et le nôtre par le travail, les études et les vacances pour pouvoir écrire ce que j'écris.
Que diriez-vous d'un vélo de course qui se contenterait d'un seul plateau en titane, sous pretexte que c'est moins lourd et que, de toutes façons, en pédalant 50 % plus vite on pourra suivre les autres ?
Il n'y a dans mes dires aucun désir de contrer, mais l'affirmation de maints et maints constats depuis que je pratique et m'intéresse à tout ce qui gravite autour de la vidéo.
NB: la "norme" HD READY n'est en fait que le label d'une entente TECHNICO-COMMERCIALE pour promouvoir les "produits" de début du numérique et faisant la liaison avec la HAUTE DEFINITION REELLE, et n'a AUCUN caractère légal. Ce n'est qu'une indication qui confirme que le produit comporte tels composants adéquats.
En contre poids, et pour rappeler la vraie norme, a été créée le HD FULL (Haute Définition Complète), qui n'a pas plus de légalité (ce n'est pas écrit en français), et qui précise ce qui avait été décidé légalement par les représentants des fabricants, les organismes certificateurs ET les autorités qui donnent les autorisations d'émettre.
En résumé:
HD ready = approximation provisoire
HD full = norme réelle qui arrive enfin
Pour ceux que ça étonne: demander aux services de la DGCCRF (Consommation et Répression des fraudes).
Amitiés à toutes et à tous.
---------------
"Ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire des grimaces"