Pour compléter les explications très claires de LoDeNo...
Avant d'imprimer chaque page, une bonne imprimante laser en construit l'image complète dans sa mémoire interne. Cela nécessite un processeur embarqué assez puissant, et surtout beaucoup de mémoire : à 600 dpi, il faut théoriquement 4 Mo pour mémoriser le rendu bitmap d'une page A4. C'est différent de ce qui se passe avec une jet d'encre, où l'image finale est préparée dans l'ordinateur par le pilote, et envoyée ligne par ligne au fur et à mesure que la feuille sort. Dans ce dernier cas, l'imprimante n'a besoin que d'une petite mémoire tampon (seulement 42 Ko pour la Canon IP3000 par exemple).
La philosophie laser est plus coûteuse, mais présente pas mal d'avantages : les impressions sollicitent moins l'ordi qui n'a donc pas besoin d'être très puissant, et pour imprimer 10 exemplaires de la même page, les données ne sont envoyées qu'une seule fois à l'imprimante, laquelle n'effectue qu'une seule fois les calculs de rendu. (*)
Mais alors, comment une imprimante laser 600 dpi peut-elle se contenter de 1 Mo, puisque ce n'est pas suffisant pour contenir l'image complète d'une page A4 ? En mémorisant cette image sous une forme compacte, et en la décompressant au fur et à mesure de l'impression. Par exemple, les zones blanches ne sont pas mémorisées, le dessin de chaque lettre n'est mémorisé qu'une fois (principe de la fonte bitmap) etc. Si la page est vraiment trop complexe (un document PDF très riche en graphismes par exemple) la compression ne suffit plus et l'impression échoue. Le pilote affiche un message d'erreur, ou la feuille ressort à moitié imprimée. La seule solution est alors d'imprimer dans une résolution inférieure. J'avais autrefois une Laserjet IIP+ 300 dpi, avec seulement 512 ko de mémoire : je pouvais imprimer une pleine page de texte, mais seulement une demi-page de graphismes. Bref, ajouter de la mémoire permet de repousser ce genre de limite.
Le nombre de pages à la minute, tel qu'il est donné dans les spécifications techniques d'une imprimante laser, est une vitesse théorique maximale, donc impossible à dépasser. C'est la vitesse du moteur lorsqu'il enchaîne feuille après feuille, sans jamais s'arrêter pour attendre que l'imprimante finisse ses calculs. Inutile de dire que cette vitesse est rarement atteinte en pratique, mais l'on peut s'en approcher lorsqu'on imprime plusieurs exemplaires de la même page (les calculs n'étant alors effectués qu'une fois avant le premier exemplaire).
A noter que certaines petites imprimantes laser d'entrée de gamme, dites imprimantes GDI, fonctionnent selon la philosophie des imprimantes jet d'encre : c'est l'ordinateur qui effectue tous les calculs, et l'image bitmap de la page entière est envoyée à l'imprimante, au fur et à mesure que la feuille sort. Cela permet d'économiser sur la mémoire et le CPU internes à l'imprimante, mais c'est globalement plus lent.
A l'inverse, on trouve maintenant dans le haut de gamme, des imprimantes laser capables d'avaler directement un document PDF et de se débrouiller avec.
Au fait, j'ai maintenant une Laserjet 6L, et j'en suis content (une fois corrigé le fameux bug du chargeur-qui-avale-toutes-les-feuilles-d'un-coup).
(*) Calculs de rendu : la conversion des données vectorielles (courbes) en image bitmap (pixels). Une opération aussi appelée rasterization ou encore scan conversion.
Message édité par NoixPecan le 09-05-2006 à 14:16:01