Bonjour à tous,
Je suis tombé sur ce forum par hasard et comme je pense pouvoir apporter mon grain de sel à la conversation, je me lance.
Tout d'abord, je précise que je vis en Asie depuis presque 7 ans, que j'y travaille et que j'ai eu l'occasion de voyager dans la région et de me frotter à plusieurs nationalités (je suis interprète). J'habite maintenant à Bangkok, mais j'ai aussi vécu quatre ans à Singapour.
Alors, pour aller droit au but, je vais structurer mon message en trois points, ce sera plus lisible.
1. Concernant les études de l'auteure : je suis d'accord avec ce qui a déjà été dit, à savoir que si tu es réellement intéressée par ces trois langues et que tu es indécise, tu peux faire un parcours majeure-mineure pour ta licence, ce qui te permettra d'avoir une meilleure idée de ce qui te plaît. À noter, un cours accéléré de japonais écrit est possible dans les facs de chinois au niveau maîtrise (master 1 maintenant) de façon à pouvoir consulter les recherches rédigées en japonais sur la Chine. J'ignore si ça te donne un niveau correct à l'oral, mais ça a au moins l'air de te permettre de lire des revues spécialisées, donc ça doit pas être si mal que ça (donc peut-être faire chinois/coréen, puis éventuellement t'initier au japonais plus tard ?).
Si tu te décides pour le chinois, pourquoi ne pas aller faire un petit séjour à Taïwan plutôt qu'en Chine pendant tes études ? Les Taïwanais sont très friands de tout ce qui est japonais et sur un plan historique, le Japon colonial a laissé des traces sur l'île... Il semblerait même que l'ancienne génération parle encore le japonais, un peu comme les anciennes générations de Laotiens, Cambodgiens et Vietnamiens parlent encore le français. Bon, c'est pas ce qui va te rendre bilingue en japonais, mais d'un point de vue historique/linguistique, ça peut être intéressant aussi.
2. Concernant les relations internationales. Effectivement, n'étudier que des langues orientales ne suffira pas. Il faut compléter par des connaissances dures, voire même inverser tes priorités. D'abord les relations internationales, ensuite la spécialisation Asie. Pour ce faire, je crois qu'une solide formation du type Sciences Po est quasi incontournable (ou alors trouver une filière du genre Histoire, mais orientée sur l'époque contemporaine, si c'est la diplomatie qui t'intéresse).
En fait, je pense que tu devrais d'abord te pencher sur ce que tu souhaites faire exactement et te renseigner auprès des personnes qui font ça pour savoir réellement quelles sont les compétences requises. De par mon métier, je suis amené à travailler avec des diplomates et de ce que j'en vois, ils parlent tous l'anglais (en plus de leur langue maternelle), mais ils ont surtout une expertise bien particulière. Les relations internationales, c'est vague. Veux-tu faire de la veille économique ou politique ? Dans ce cas, prépare-toi à un doctorat. Veux-tu travailler dans une ambassade ? (et même là, c'est vague) Je te conseille de faire Sciences Po, voire l'ENA, et de passer ensuite les concours. Malheureusement, je ne pense pas que tu puisses décider de ton affectation. Ta spécialisation Asie est un profil admissible, mais tu pourrais tout aussi bien être nommée en Afrique ou en Amérique latine, puis mutée en Russie ou encore ailleurs. Tu peux indiquer des choix, mais c'est l'administration qui décide. Donc là, envolé le travail en relation avec l'Asie (à moins d'avoir de la chance et d'être prise en fonction de tes préférences). Bref, on s'avance beaucoup, mais j'espère m'être fait comprendre.
3. Concernant une éventuelle vie en Asie. Comme je le disais plus haut, à moins d'être chanceuse, tu ne seras pas nommée à l'ambassade française de Corée jusque parce que tu en as envie (en ayant d'abord réussi les concours préalables d'ailleurs, ce qui n'est pas une mince affaire). Dans le domaine des RI, je ne vois pas trop ce qui s'ouvre à toi dès lors. Peut-être des ONG ? C'est plus ou moins dans le même domaine, tes compétences linguistiques seront certainement valorisées et ton travail pourrait être assez intéressant (contact direct avec les populations locales, promotion de certains droits, défense des opprimés, etc.). Mais encore une fois, je crains qu'avec un profil trop généraliste, ce soit difficile. Les ONG ont toutes une cause bien particulière à défendre (politique, environnementale, sociale, etc.) et ton profil devra s'accorder avec ça.
Bref, tout ça pour dire que la route est encore longue. Comme tu n'es pas encore sûre de ton choix, je te conseillerais de faire un parcours majeure-mineure (jusqu'à décider de ta langue de prédilection), de continuer à entretenir ton anglais par le biais de tes contacts familiaux et autres, et de surtout ne pas oublier d'étudier ce qui t'intéresse, à savoir les relations internationales. Donc pourquoi pas une double-licence ou majeure-mineure pour commencer, puis HEI ou carrément une filière RI spécialisée, puis un doctorat alliant RI à ta ou tes langues orientales (exemple de sujet de thèse qui me vient à l'esprit tout d'un coup : différends territoriaux en Asie du Nord-Est : revendications chinoises et coréennes sur les îles Diaoyu/Senkaku et Dokdo/Takeshima face au Japon. Et hop, tout ça en même temps !).
Et puis, au fil du temps, tu vas t'affirmer, découvrir de nouvelles choses, voyager (absolument obligatoire !), faire des stages (absolument essentiel) et c'est comme ça que tu pourras tracer ta route. Partir du plus général pour s'ouvrir le maximum de portes, puis affiner ton projet au fur et à mesure.
Tu disais t'être déjà intéressée à ces trois pays, mais je crois que rien ne remplace une expérience sur place. On a trop souvent tendance à avoir une image idyllique de l'étranger depuis la France (ou de n'importe où d'ailleurs) et c'est quand on est sur place qu'on se rend vraiment compte de la réalité des choses. Ça peut être une révélation ou un vrai choc (ah, c'est comme ça la Chine ??).
Autre chose à ne pas négliger, l'insertion à la vie locale. Je peux te dire qu'il est particulièrement difficile pour une Occidentale de trouver sa place en Asie. Pour un homme, c'est un peu plus aisé, mais si tu as l'intention de faire ta vie là-bas, attention au(x) choc(s) culturel(s) (relations amoureuses, perceptions pas toujours positives vis-à-vis des Occidentaux, voire carrément racisme).
Bref, je ne veux pas te décourager, bien au contraire, l'Asie est une expérience très enrichissante et qui mérite qu'on s'y intéresse.
Bonne chance !
Guillaume