voila il s'agit ici de mon premier commentaire a faire et je n'arrive pas vraiment a trouver la problèmatique, ni le plan qui en découle... si quelqu'un pourrait m'aider je lui en serait plus que reconnaissante!! merci d'avance.
Fa, term S.
voici le texte a expliquer :
La prodigalité n'est jamais belle; et il faut surmonter ici les opinions. [...] Imaginez un tyran qui convoque tous les paysans à dix lieues à la ronde pour lui faire une escorte d'honneur, ce serait comme s'il marchait sur du pain. La première injustice c'est de ne pas produire soi-même des objets utiles en échange de ceux que l'on reçoit, mais la pire injustice, peut-être, est de suspendre les travaux utiles autour de soi, afin de montrer sa puissance. C'est ce que fait toujours le prodigue en payant celui qui ne produit rien. Ce qu'on appelle dissiper l'argent, ce n'est pas la même chose que le dépenser; car il y a des dépenses qui ne sont qu'un échange de travail contre travail, et qui enrichissent réellement les deux; dissiper l'argent c'est l'employer à distraire ceux qui travaillent de leur travail; c'est jeter sur le marché des bons payables à vue et qui permettent de consommer sans produire. Par exemple, le prodigue paie un homme vigoureux pour l'attendre à toute heure et lui prendre son pardessus et sa canne; temps perdu.
Si j'achète du blé à cet homme, en refusant au contraire de lui payer sa politesse et son air diplomatique, cette dépense ne m'appauvrit pas, puisque j'ai du blé; elle enrichit tout le monde, puisqu'elle renvoie ou maintient à la charrue un homme qui, par la volonté du prodigue, ne faisait rien.
Il faut donc être avare, oui, sous les huées de Messieurs les parasites, qui ont naturellement une morale qui leur est propre. Lorsque j'entends qu'ils louent le luxe et les folles dépenses, je crois entendre quelque laquais galonné qui dirait: « Comment un homme d'honneur pourrait-il se passer des laquais galonnés ? » Et c'est toujours par la vanité qu'ils veulent nous guérir de l'avarice. « On vantait hier votre magnificence », dit Florine; mais Harpagon montre un visage de pierre; et je veux maîtriser ce rire assez vil que l'on m'a enseigné; car dans cette force contre l'opinion, je reconnais une des parties de la vertu.
L'homme qui se baisse pour relever une épingle est certainement quelque chose de plus qu'un homme qui songe à lui-même; la plupart de ceux que j'ai vus économes, et que j'ai crus avares, étaient aussi indignés de la prodigalité et de la négligence d'autrui. Une épingle trouvée, ce n'est pas seulement une chose utile, et qui ne coûte rien; c'est une chose qui est chargée de travail humain, et qui va être usée en pure perte par frottement, par oxydation, sous les pieds, dans la boue. Songez bien à ceci: celui qui relève l'épingle et la pique proprement au revers de son habit sauve un peu de travail humain; c'est comme s'il fabriquait une épingle gratuitement ; tout travail utile d'un homme qui pourrait ne rien faire est ainsi un don à tous ceux qui travaillent. Mais le premier don est de ne point prendre. Et jeter une épingle c'est la dérober à tous. Ainsi, par réflexion et malgré le lâche exemple de ceux qui m'entouraient, j'ai appris à aimer l'ami des épingles. J'aime ce froid bienfaiteur ; je crains tous les autres.
Alain, 11 mars 1914