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Auteur Sujet :

L'éreutophobie ou la Peur de Rougir ...

n°3541374
eraser17
Posté le 24-08-2004 à 00:58:52  profilanswer
 

Reprise du message précédent :

Blazer a écrit :

Et vous êtes timides? Parce que moi je suis pas vraiment timide, je suis pas coincé du tout, mais à chaque fois j'ai droit aux traditionnels, "Oh tu rougis! Sois pas timide!"


 
 
ouai pareil, je suis pas timide du tout mais suffit que qqn de ma famille prononce le mot fille et je devient pivoine en 5 sec, me demande d'ou ça vient cette reaction, ca doit etre psychologique [:figti]


Message édité par eraser17 le 24-08-2004 à 01:01:15
mood
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Posté le 24-08-2004 à 00:58:52  profilanswer
 

n°3541379
eraser17
Posté le 24-08-2004 à 00:59:32  profilanswer
 

xlA a écrit :

Citation :

Chez l'asiatique, un défaut génétique de production d'une enzyme dégradant l'alcool provoque parfois un rougissement intense du visage lors de l'ingestion de boissons alcoolisées.


C'est donc pour ça que certains potes asiatiques ont les joues toutes roses dès la 1ère goutte d'alcool ! :ouch:


 
ils saignent du nez aussi quand ils boivent, c marrant :D

n°3541745
quakeerc
vive eul bouse cake !
Posté le 24-08-2004 à 01:46:02  profilanswer
 

jonathanB a écrit :

Tant que tu auras peur de rougir, tu rougiras  :fou: .
 
Si tu t'en tapes ça finiras par disparaître.


 
c'est a ça que je voulais en venir , mais bon on dirait qu'aujourd'hui je suis transparent  :heink:

n°3541775
FLo14
Gouranga !
Posté le 24-08-2004 à 01:51:51  profilanswer
 

Je subis la même chose, quand je subis une grosse honte, ou quand quelqu'un d'autorité découvre des trucs (exemple la dernière fois, mon prof de télécom qui découvre des posts de moi sur le topic unique GTR de Emploi/Études [:joce]) je me mets à rougit comme il faut, avec la chaleur avec, c'est TRES pénible :fou:

n°3541862
Bobaflet
PC party !!
Posté le 24-08-2004 à 02:06:31  profilanswer
 

S pas bien de rougir c'est meme honteux, si tu savais ce que les Medecins disent de gens qui rougissent ca te ferait tout drole  :ange:  
 
Deja chez l'animal ...

n°3541872
FLo14
Gouranga !
Posté le 24-08-2004 à 02:10:25  profilanswer
 

xlA a écrit :

Et bien avec l'éreutophobie, pas besoin d'avoir honte pour ça. Il suffit de t'imaginer qu'on pourrait penser que (...) et ça suffit ;)


 
Ah ouais d'accord :/
Remarque c'est précisemment au moment où je veux pas qu'on sache que je suis gêné que je rougis le plus  [:joce]

n°3542609
Max Evans
Posté le 24-08-2004 à 09:23:49  profilanswer
 

eraser17 a écrit :

ouai pareil, je suis pas timide du tout mais suffit que qqn de ma famille prononce le mot fille et je devient pivoine en 5 sec, me demande d'ou ça vient cette reaction, ca doit etre psychologique [:figti]

Ca m'a fait ça dans l'autre sens, je m'explique :
 
A l'époque, ça commencait à faire un petit bout de temps que je n'avais pas eu de copine. De fait, je pensais que mes parents, n'ayant pas vu de gente féminine en ma compagnie, pouvait penser à un revirement de mon côté, c'est-à-dire à mon homosexualité :D
 
Bien sûr, ça ne ratait jamais. Quand on regardait les informations à la TV et que ça parlait d'homosexualité, je trouvais toujours un supterfuge pour filer dans ma chambre afin qu'ils ne voyent pas mon visage rouge pivoine :/
 
Le plus dingue, c'est même après, quand j'ai eu une copine, ça me le faisait toujours, mais moins tout de même :/

n°3543116
FLo14
Gouranga !
Posté le 24-08-2004 à 10:47:02  profilanswer
 

Max Evans a écrit :

Ca m'a fait ça dans l'autre sens, je m'explique :
 
A l'époque, ça commencait à faire un petit bout de temps que je n'avais pas eu de copine. De fait, je pensais que mes parents, n'ayant pas vu de gente féminine en ma compagnie, pouvait penser à un revirement de mon côté, c'est-à-dire à mon homosexualité :D
 
Bien sûr, ça ne ratait jamais. Quand on regardait les informations à la TV et que ça parlait d'homosexualité, je trouvais toujours un supterfuge pour filer dans ma chambre afin qu'ils ne voyent pas mon visage rouge pivoine :/
 
Le plus dingue, c'est même après, quand j'ai eu une copine, ça me le faisait toujours, mais moins tout de même :/


 
:o
Sinon c'est clair que quand y'a une scène que je ne veux pas voir en public, je sors discrètement :whistle:

n°19651708
enkvinna
une femme est une femme
Posté le 27-08-2009 à 20:10:47  profilanswer
 

Max Evans a écrit :

Je suis actuellement en train de lire un bouquin très intéressant, La Peur des autres - trac, timidité et phobie sociale de Christophe André & Patrick Légeron.
 
On y découvre une sorte de pathologie, l'éreutophobie qu'ils définissent comme étant la peur de rougir. Rougir se veut naturel ; dans une situation gênante, embarrassante, qui n'a jamais rougit ?
 
Par contre, là où le bas blesse, c'est d'anticiper son rougissement se dire : "Zut, je vais encore rougir" ; bingo, vous êtes rouge pivoine avant même que la situation devienne réellement embarrassante !
Cette éreutophobie se base donc sur la peur de rougir, sur votre paraître (Mon interlocuteur a-t-il vu que j'avais changé de couleur ?), votre image, et non plus à la gêne de la situation elle-même.
 
Il est cité dans le livre un exemple très intéressant :
"C'était à l'école, et un vol venait d'être commis dans la classe. [...] L'institutrice nous a tous réunis solennellement, et s'est adressée à nous en demandant au coupable de se dénoncer. [...] Je me sentais devenir de plus en plus rouge [...] craignant que mon rougissement ne soit interprété comme un aveu de culpabilité."
 
Bien sûr, cette femme n'était pas coupable, mais dans cette situation embarrassante, son teint changea - elle avait simplement peur de rougirce qui provoqua sa rélle appréhension - si bien que les autres élèves crurent qu'elle était la voleuse :/
Celà m'est personnellement arrivé cette année.
 
 
Voilà, j'espère que mes interlocuteurs IRL me pardonneront donc si j'ai l'impression de ne pas écouter leurs discussions ; c'est juste que je suis focalisé sur cette peur de rougir qui m'omnubile et me déconnecte totalement de leurs propos :(
 
Si vous êtes aussi dans ce cas, n'hésitez pas à témoigner ;)

[spoiler]
 
Cette peur a dominé ma vie pendant près de 35 ans. Je suis une femme de 60 ans et ai publié un livre en janvier 2009, qui s'intitule Être un caillou. J'ai failli prendre pour titre "La peur de rougir"; on comprends en le lisant pourquoi!
voici un extrait: (auteur :Jeanne Moulin qui n'est pas mon vrai nom)
"Puis survient la grande peur.
L’obsession. La terreur. Celle qui ne m’a pas lâchée pendant plusieurs dizaines d’années.
 
La peur de rougir.
 
La peur qui m’a fait renoncer à moi.  
Quand j’avais réduit au minimum mon périmètre de vie à la maison d’enfants, j’avais au moins l’impression que je maîtrisais ce territoire lilliputien.  
 
Mais un jour je n’ai plus rien maîtrisé.
Un jour, j’ai tenté le diable et il n’a pas dit non.
 
C’était jour de distribution des livrets scolaires.
Le jour où j’ai pris le mauvais chemin où à peu près tout dans l’existence m’est devenu inaccessible.
Cela devait être en 1961 ; j’étais en cinquième.
J’ai voulu trop en faire. J’ai mal évalué les conséquences d’un jeu qui s’est avéré beaucoup plus dangereux que je ne l’avais pensé.  
Le premier coup a été libre mais tous les autres sont devenus obligatoires.  
 
Trois professeurs, trois femmes, trônaient pour la circonstance sur l’estrade.
Nous défilions les unes après les autres.
Quand vint mon tour, il se passa soudain quelque chose que je n’avais absolument pas prévu : j’éprouvai un sentiment de solitude démesuré. L’impression que mon corps était une boite hermétique à l’intérieur de laquelle j’étais enfermée. Je donnais certainement l’impression d’être impassible et soudain, je ne le supportai plus. J’avais si bien réussi à masquer ma terreur constante du regard des autres qu’on aurait pu croire que j’étais un roc et je voulus soudain leur faire comprendre que j’étais quelqu’un de sensible et même d’émotif.  
Faire tomber le masque.
Ne plus être seule.
Au lieu de deux yeux neutres, présenter un regard. Un regard qui soit pour l’autre une ouverture sur mon être le plus intime.
Casser le mur me qui séparait d’elles.
 
C’est alors que l’idée m’est venue.
Un petit rougissement leur montrerait que j’étais vivante. Je me lançais. Je me fis rougir volontairement. Mais alors que j’avais parfaitement maîtrisé la première étape du processus, la seconde poursuivit son cours sans moi.
Je ne dérougissais plus. Je sentais que j’étais écarlate. Les yeux me piquait tant le sang m’était monté au visage. J’avais contrôlé l’entrée dans le rougissement, mais je ne trouvais plus la sortie.  
Un instant auparavant, j’étais infiniment trop loin des mes trois professeurs ; et soudain, j’étais infiniment trop près. Je ne parvenais plus à penser.  
Cela durait. Une éternité. Je commençai à me demander comment je pourrais me retourner vers le reste de la classe. Je m’étais réduite à deux joues incandescentes. Que dis-je deux joues ? Le front, le cou. J’avais le visage en feu et je devais donner l’impression d’être sur le point d’éclater.  
J’avais certainement atteint le comble du ridicule. Je ne pouvais pas me décider à regagner ma place.
Il n’avait fallu que quelques secondes pour que je perde la face.
J’avais voulu oublier dans un moment d’égarement que si on veut être à l’abri du regard d’autrui, il y a un prix à payer : la solitude.
La sortie de la grande boite en bois de mon corps me jeta dans une absolue visibilité.
Je ne fus plus jamais seule.
 
Ma faiblesse m’avait perdu.  
J’avais voulu rougir comme on baisse les armes.
J’avais voulu montrer une émotion.  
J’avais réussi au delà de toute espérance.
 
J’ai commencé à vaciller sur ma base.  
 
À l’âge de treize ans, la peur de rougir a commencé à gouverner ma vie.  
En quelques mois, c’est devenu mon unique souci.  
On ne devait pas voir mon visage.  
Je ne supportais plus non seulement un regard, mais l’idée d’un regard.  
Est arrivé un moment où même le regard des chiens m’inquiétait. Je me livrais à de vaines acrobaties respiratoires. Je suspendais mon souffle. Je l’approfondissais. Je le rétrécissais.  
Rien n’y faisait.
Je rougissais.
J’étais à la merci du regard d’autrui.  
J’étais l’objet facilement manipulable du premier venu.
On faisait de moi ce qu’on voulait. Il suffisait qu’on me regarde et je perdais la face.
 
La moindre sortie se transformait en supplice. Descendre la poubelle. Aller acheter le pain. Aller à l’école.  
J’avais atteint la limite au delà de laquelle plus rien de ce qui fait une vie humaine n’est possible.
Je n’avais plus d’intériorité.  
J’étais sortie de l’humanité.
Je me réduisais à une peau qui s’enflamme.
L’obscurité et le lit étaient mes seuls refuges.
La peur de rougir était si obnubilante que c’est elle qui a décidé d’à peu près tout dans ma vie. Du choix d’une place dans un bus à celui d’une profession ou d’une relation.
Je n’éprouvais plus de l’intérieur mes propres gestes, mes paroles, mon regard. Je vivais depuis le regard des autres. Ma source de vie n’était plus en moi.
Je passais par l’extérieur pour vivre.
Je ne vivais plus.
Des dizaines d’années.  
 
Souvent il s’est trouvé quelqu’un de bien intentionné pour me dire :
– Mais si tu rougis, c’est que tu es vivante ! Tu n’es pas un pur esprit !
 
Il me donnait ce disant la preuve qu’il n’avait rien compris. Car rougir sur le mode qui était le mien, c’est justement avoir perdu toute incarnation.
Le rougissement venait à la place d’une incarnation qui avait mal tourné. Au lieu d’être intimement mêlés dans la tranquille assurance d’être soi quoi qu’il arrive, mon esprit et mon corps s’étaient séparés.  
..."
 
JM

n°19651770
enkvinna
une femme est une femme
Posté le 27-08-2009 à 20:17:57  profilanswer
 

Max Evans a écrit :

Je suis actuellement en train de lire un bouquin très intéressant, La Peur des autres - trac, timidité et phobie sociale de Christophe André & Patrick Légeron.
 
On y découvre une sorte de pathologie, l'éreutophobie qu'ils définissent comme étant la peur de rougir. Rougir se veut naturel ; dans une situation gênante, embarrassante, qui n'a jamais rougit ?
 
Par contre, là où le bas blesse, c'est d'anticiper son rougissement se dire : "Zut, je vais encore rougir" ; bingo, vous êtes rouge pivoine avant même que la situation devienne réellement embarrassante !
Cette éreutophobie se base donc sur la peur de rougir, sur votre paraître (Mon interlocuteur a-t-il vu que j'avais changé de couleur ?), votre image, et non plus à la gêne de la situation elle-même.
 
Il est cité dans le livre un exemple très intéressant :
"C'était à l'école, et un vol venait d'être commis dans la classe. [...] L'institutrice nous a tous réunis solennellement, et s'est adressée à nous en demandant au coupable de se dénoncer. [...] Je me sentais devenir de plus en plus rouge [...] craignant que mon rougissement ne soit interprété comme un aveu de culpabilité."
 
Bien sûr, cette femme n'était pas coupable, mais dans cette situation embarrassante, son teint changea - elle avait simplement peur de rougirce qui provoqua sa rélle appréhension - si bien que les autres élèves crurent qu'elle était la voleuse :/
Celà m'est personnellement arrivé cette année.
 
 
Voilà, j'espère que mes interlocuteurs IRL me pardonneront donc si j'ai l'impression de ne pas écouter leurs discussions ; c'est juste que je suis focalisé sur cette peur de rougir qui m'omnubile et me déconnecte totalement de leurs propos :(
 
Si vous êtes aussi dans ce cas, n'hésitez pas à témoigner ;)


 
 
Il semble que je ne sois pas douée pour les forum car je viens d'envoyer un message que je ne retrouve pas sur la liste!
Donc, voici un extrait d'un livre que j'ai publié en janvier dernier sous le pseudonyme de Jeanne Moulin: "être un caillou". J'y raconte des dizaines d'années de rougissements effroyablement handicapants. En voici un extrait:
"...
Puis survient la grande peur.
L’obsession. La terreur. Celle qui ne m’a pas lâchée pendant plusieurs dizaines d’années.
 
La peur de rougir.
 
La peur qui m’a fait renoncer à moi.  
Quand j’avais réduit au minimum mon périmètre de vie à la maison d’enfants, j’avais au moins l’impression que je maîtrisais ce territoire lilliputien.  
 
Mais un jour je n’ai plus rien maîtrisé.
Un jour, j’ai tenté le diable et il n’a pas dit non.
 
C’était jour de distribution des livrets scolaires.
Le jour où j’ai pris le mauvais chemin où à peu près tout dans l’existence m’est devenu inaccessible.
Cela devait être en 1961 ; j’étais en cinquième.
J’ai voulu trop en faire. J’ai mal évalué les conséquences d’un jeu qui s’est avéré beaucoup plus dangereux que je ne l’avais pensé.  
Le premier coup a été libre mais tous les autres sont devenus obligatoires.  
 
Trois professeurs, trois femmes, trônaient pour la circonstance sur l’estrade.
Nous défilions les unes après les autres.
Quand vint mon tour, il se passa soudain quelque chose que je n’avais absolument pas prévu : j’éprouvai un sentiment de solitude démesuré. L’impression que mon corps était une boite hermétique à l’intérieur de laquelle j’étais enfermée. Je donnais certainement l’impression d’être impassible et soudain, je ne le supportai plus. J’avais si bien réussi à masquer ma terreur constante du regard des autres qu’on aurait pu croire que j’étais un roc et je voulus soudain leur faire comprendre que j’étais quelqu’un de sensible et même d’émotif.  
Faire tomber le masque.
Ne plus être seule.
Au lieu de deux yeux neutres, présenter un regard. Un regard qui soit pour l’autre une ouverture sur mon être le plus intime.
Casser le mur me qui séparait d’elles.
 
C’est alors que l’idée m’est venue.
Un petit rougissement leur montrerait que j’étais vivante. Je me lançais. Je me fis rougir volontairement. Mais alors que j’avais parfaitement maîtrisé la première étape du processus, la seconde poursuivit son cours sans moi.
Je ne dérougissais plus. Je sentais que j’étais écarlate. Les yeux me piquait tant le sang m’était monté au visage. J’avais contrôlé l’entrée dans le rougissement, mais je ne trouvais plus la sortie.  
Un instant auparavant, j’étais infiniment trop loin des mes trois professeurs ; et soudain, j’étais infiniment trop près. Je ne parvenais plus à penser.  
Cela durait. Une éternité. Je commençai à me demander comment je pourrais me retourner vers le reste de la classe. Je m’étais réduite à deux joues incandescentes. Que dis-je deux joues ? Le front, le cou. J’avais le visage en feu et je devais donner l’impression d’être sur le point d’éclater.  
J’avais certainement atteint le comble du ridicule. Je ne pouvais pas me décider à regagner ma place.
Il n’avait fallu que quelques secondes pour que je perde la face.
J’avais voulu oublier dans un moment d’égarement que si on veut être à l’abri du regard d’autrui, il y a un prix à payer : la solitude.
La sortie de la grande boite en bois de mon corps me jeta dans une absolue visibilité.
Je ne fus plus jamais seule.
 
Ma faiblesse m’avait perdu.  
J’avais voulu rougir comme on baisse les armes.
J’avais voulu montrer une émotion.  
J’avais réussi au delà de toute espérance.
 
J’ai commencé à vaciller sur ma base.  
 
À l’âge de treize ans, la peur de rougir a commencé à gouverner ma vie.  
En quelques mois, c’est devenu mon unique souci.  
On ne devait pas voir mon visage.  
Je ne supportais plus non seulement un regard, mais l’idée d’un regard.  
Est arrivé un moment où même le regard des chiens m’inquiétait. Je me livrais à de vaines acrobaties respiratoires. Je suspendais mon souffle. Je l’approfondissais. Je le rétrécissais.  
Rien n’y faisait.
Je rougissais.
J’étais à la merci du regard d’autrui.  
J’étais l’objet facilement manipulable du premier venu.
On faisait de moi ce qu’on voulait. Il suffisait qu’on me regarde et je perdais la face.
 
La moindre sortie se transformait en supplice. Descendre la poubelle. Aller acheter le pain. Aller à l’école.  
J’avais atteint la limite au delà de laquelle plus rien de ce qui fait une vie humaine n’est possible.
Je n’avais plus d’intériorité.  
J’étais sortie de l’humanité.
Je me réduisais à une peau qui s’enflamme.
L’obscurité et le lit étaient mes seuls refuges.
La peur de rougir était si obnubilante que c’est elle qui a décidé d’à peu près tout dans ma vie. Du choix d’une place dans un bus à celui d’une profession ou d’une relation.
Je n’éprouvais plus de l’intérieur mes propres gestes, mes paroles, mon regard. Je vivais depuis le regard des autres. Ma source de vie n’était plus en moi.
Je passais par l’extérieur pour vivre.
Je ne vivais plus.
Des dizaines d’années.  
 
Souvent il s’est trouvé quelqu’un de bien intentionné pour me dire :
– Mais si tu rougis, c’est que tu es vivante ! Tu n’es pas un pur esprit !
 
Il me donnait ce disant la preuve qu’il n’avait rien compris. Car rougir sur le mode qui était le mien, c’est justement avoir perdu toute incarnation.
Le rougissement venait à la place d’une incarnation qui avait mal tourné. Au lieu d’être intimement mêlés dans la tranquille assurance d’être soi quoi qu’il arrive, mon esprit et mon corps s’étaient séparés.  
...
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