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Vendredi 21 Fevrier 2003
"L'embargo sur la viande bovine anglaise n'a servi à rien"
"L'embargo français sur les viandes bovines britanniques n'a servi à rien pour protéger la santé des Français." Par définition, une mesure de précaution a vocation à se révéler ultérieurement soit utile, soit inutile? C'est la deuxième option que retient Pascal Mainsant, de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), lorsqu'il tire les conclusions de cette mesure dans un récent article*.
La France a réalisé un embargo en deux étapes : la première de 1996 à 1998, parallèlement à l'Union européenne, et la deuxième jusqu'à la fin de 2002, contre l'avis de la Commission. Cet embargo était une précaution fondée sur plusieurs méfiances à l'égard des viandes du Royaume-Uni. La première concerne l'infectiosité éventuelle du muscle d'un bovin atteint par l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB). "En 1996 déjà existait une très forte présomption d'innocuité du muscle bovin à partir d'expériences scientifiques, précise Pascal Mainsant. Le pic de la mortalité du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (nvMCJ) de 2000 confirme cette présomption." Une autre crainte est relative à l'insuffisance de la prophylaxie ESB au Royaume-Uni. Elle se révèle "avoir été, de 1996 à 2002, nettement plus efficace que celle de la France pour la santé humaine", affirme l'auteur. A partir d'avril 1996, le Royaume-Uni a éliminé toutes les vaches âgées de plus de trente mois, contrairement à la France. Cette mesure a permis d'éliminer les vaches "ESB invisibles", c'est-à-dire celles qui n'expriment pas de symptômes cliniques. Quelle que soit la prophylaxie effectuée alors, la viande provenait d'animaux âgés de moins de trente moins, donc "présumée sans danger pour la santé humaine".
Pascal Mainsant innocente le Royaume-Uni des accusations portées à propos des risques de diverses souillures contaminantes en abattage et découpe. Les animaux âgés de plus de trente mois ayant fait l'objet d'un abattage séparé des autres dès 1996 côté anglais, il n'y a pas eu de souillures. En revanche, "ce n'était pas du tout le cas en France", accuse Pascal Mainsant. Même constat pour le jonchage : s'il a été pratiqué dans les deux pays jusqu'en 2000, "le risque persiste uniquement en France" du point de vue de la santé humaine, du fait de l'élimination des cas "ESB invisibles" au Royaume-Uni.
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