BoraBora a écrit :
Justement, commencer par une annonce alors qu'elles sont interdites sur le forum (tu as la charte, n'est-ce pas ? ), c'est du spam.
|
Bon le but de ce message était plutôt de faire réagir sur le thème de la soirée. Je propose donc plus d'explications sur notre démarche :
Concert autour du pianino Pleyel : une autre façon d’écouter la musique.
De nos jours, il existe deux façons d’interpréter la musique classique : l’une qui utilise des instruments modernes et l’autre qui entreprend, non sans difficulté, de redonner vie aux instruments anciens.
Pourquoi cette démarche ?
Faisons rapidement un bond dans le passé. Les musiciens, de tous temps, qu’ils soient professionnels ou amateurs, ont toujours désiré, s’ils pouvaient se le permettre, interpréter les ou leurs œuvres sur les instruments les plus modernes.
Quelques-uns d’entre eux ont participé à l’amélioration de ces instruments (collaboration entre Beethoven et Streicher…). D’autres en ont fabriqué (Camille Pleyel, Stadler, Henri Hertz…). Toutefois, il était rare de jouer de la musique ancienne: on y jouait le plus souvent de la musique contemporaine, car le goût de ces époques était à la modernité : « Il faut absolument être moderne ».
Et voilà qu’aujourd’hui, malheureusement notre musique contemporaine, dite « moderne », n’est pas à la mode. Depuis plus d’un siècle, la musique ancienne est de retour dans notre pratique musicale. Les Bach, Mozart, Haydn, Beethoven et autres Schubert ont ressuscité dans nos salles de concert et sont joués sur nos instruments modernes !
En effet, pour la première fois dans l’histoire musicale occidentale, nous jouons sur des outils, certes parfaits pour la musique contemporaine (Boulez, Stockhausen, Ligeti), mais totalement inadaptés à la musique ancienne. S’éloignant de plus en plus de l’idéal sonore de celle-ci, les instruments d’aujourd’hui ont acquis une puissance sonore inégalée, un timbre plus métallique au détriment d’une richesse harmonique initiale. Si nous acceptons qu’à chaque époque l’art est le reflet de la société, alors il paraît inimaginable que la conception d’une œuvre ne soit pas en adéquation avec l’instrument sur lequel elle est susceptible d’être jouée. Aucun compositeur ne peut anticiper les modifications sonores des futurs instruments ; en conséquence il me semble évident que l’instrument de l’époque du compositeur est l’outil le mieux adapté pour retranscrire le plus fidèlement l’esthétique de son œuvre.
Tout ceci ne s’apparenterait-il pas finalement à une démarche décroissante ?
Décroi-quoi ?
Qu’est-ce que la décroissance ?
« En opposition avec le consensus actuel qui affirme que la croissance économique (l'augmentation du produit intérieur brut) est l'objectif de toute société civilisée, la démarche de décroissance est une remise en question de la société de surconsommation, sans hypothéquer les acquis en terme de confort et de productivité .
C’est aussi l’idée de ne produire que ce qui est vraiment utile et de trouver des modes de production moins polluants et qui nécessitent moins de travail.
C’est surtout, maintenant que nous approchons sensiblement des limites de notre écosystème, l’idée d’apprendre à le gérer au lieu de le détruire.
Elle repose sur le constat que notre mode de vie n'est pas généralisable et que si tous les habitants de la planète consommaient comme un Français, il faudrait trois planètes comme la nôtre pour subvenir à leurs besoins. De plus, la société de consommation engendre un pillage : 20 % de la population de la planète, les pays riches, consomment plus de 80 % des ressources planétaires. Notre niveau de consommation a un coût : l’esclavage économique de populations entières.
La décroissance est avant tout un mouvement, sa définition n'est ni statique ni définitive : elle est sans cesse renouvelée par chacun de ceux qui y participent. » La joie de vivre et la convivialité faisant partie intégrante de ce mouvement, il m’a semblé que ce concert, autour du pianino de 1834 fabriqué par Pleyel et magnifiquement restauré par mon ami Olivier Fadini, serait un lien important avec cette nouvelle façon de concevoir la vie.
Rémy Cardinale
J'attends vos réactions de fond !