BoraBora Dilettante | potemkin a écrit :
Les goûts musicaux commencent à se forger avant 15 ans tout de même, et quand bien même on ne parlerait pas de goûts, il s'agirait "d'environnement musical", c'est à dire ce que tu entends à longueur de journée, à la radio, sur le tourne-disque ou la chaîne de tes parents, etc.
Il s'agit là de musique que tu es conditionné à réécouter plus tard, si ce n'est par goût personnel, ce sera par nostalgie. D'ailleurs nombre de titres marquants comme je l'expliquais ne le sont pas pour leurs qualités musicales pures, mais pour ce qu'ils évoquent.
Et n'oublie pas qu'on parle ici de "tubes", et à fortiori dont le succès ne s'éteignait pas en quelques semaines par opposition au phénomène que je dénonce aujourd'hui. Un tube paraissant début 80 était plus facilement qu'aujourd'hui inscrit dans le patrimoine culturel musical si je puis dire, et traverse les années si bien que tu l'entendras et l'écouteras avec plaisir à 10, 15, 20 ou 25 ans et +.
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Euuuuh... non. Tu fais l'erreur habituelle. Les hits "jetables" d'autrefois ayant justement été "jetés", on ne s'en souvient plus (en dehors de ceux qui étaient déjà assez âgés pour avoir grincé des dents quand ils passaient en boucle). Tandis que les hits jetables d'il y a quelques années, tu t'en souviens encore, donc tu penses que ce phénomène est propre à notre époque.
Tiens, les charts des hits US et UK en 1980 (je te fais grâce des hits français, 100 fois pires) :
US
Citation :
"Please Don't Go" – KC and the Sunshine Band (1)
"Escape (The Piña Colada Song)" – Rupert Holmes (2 weeks in 1979 + 1 week in 1980)
"Rock with You" – Michael Jackson (4)
"Do That to Me One More Time" – Captain & Tennille (1)
"Crazy Little Thing Called Love" – Queen (4)
"Another Brick in the Wall, Part II" – Pink Floyd (4)
"Call Me" – Blondie (6)
"Funkytown" – Lipps Inc (4)
"Coming Up (Live At Glasgow)" – Paul McCartney (3)
"It's Still Rock and Roll to Me" – Billy Joel (2)
"Magic" – Olivia Newton-John (4)
"Sailing" – Christopher Cross (1)
"Upside Down" – Diana Ross (4)
"Another One Bites the Dust" – Queen (3)
"Woman in Love" – Barbra Streisand (3)
"Lady" – Kenny Rogers (6)
"(Just Like) Starting Over" – John Lennon (1 week in 1980 + 2 weeks in 1981)
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3 ou 4 stars lessivées mais que leur label pousse encore pour récupérer un peu de pognon (Olivia Newton-John, Diana Ross etc.), une poignée de bêlants de radio pour ménagère (Captain & Tennille, Barbra Streisand, Christopher Cross, Billy Joel, etc.), quelques reliquats de l'époque disco (KC & Sunshine Band, Ross encore etc.), 2 ex-Beatles (dont un dont la chanson va être un hit parce qu'il aura eu la mauvaise idée de refuser un autographe à un fan psychopathe)...
Sur ces 17 mega-hits, il n'y en a que 3 que j'ai réécoutés volontairement quelques fois en 32 ans. Et pour la plupart, je ne pouvais déjà pas les saquer dès le début.
UK
Citation :
"Another Brick in the Wall, Part II" – Pink Floyd (3 weeks in 1979 + 2 weeks in 1980)
"Brass in Pocket" – The Pretenders (2)
"The Special AKA Live!" – The Specials (2)
"Coward of the County" – Kenny Rogers (2)
"Atomic" – Blondie (2)
"Together We Are Beautiful" – Fern Kinney (1)
"Going Underground/The Dreams Of Children" – The Jam (3)
"Working My Way Back to You" – Detroit Spinners (2)
"Call Me" – Blondie (1)
"Geno" – Dexys Midnight Runners (2)
"What's Another Year" – Johnny Logan (2)
"Suicide Is Painless" (Theme From M*A*S*H)- The Mash (3)
"Crying" – Don McLean (3)
"Xanadu" – Olivia Newton-John & Electric Light Orchestra (2)
"Use It Up and Wear It Out" – Odyssey (2)
"The Winner Takes It All" – ABBA (2)
"Ashes To Ashes" – David Bowie (2)
"Start!" – The Jam (1)
"Feels Like I'm in Love" – Kelly Marie (2)
"Don't Stand So Close to Me"- The Police (4), best selling single of the year
"Woman in Love" – Barbra Streisand (3)
"The Tide Is High" – Blondie (2)
"Super Trouper" – ABBA (3)
"(Just Like) Starting Over" – John Lennon (1)
"There's No One Quite Like Grandma" – St Winifred's School Choir (1 week in 1980 + 1 week in 1981)
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Chez les britiches, c'est encore plus drôle : il y en a pas loin d'1 sur 3 que je n'ai jamais entendue (alors que j'avais 22 ans en 1980, et que je n'écoutais que de la pop/rock/soul/reggae/etc. anglo-saxonne, avec lecture de canards spécialisés.
Citation :
Enfin, je prend mon cas pour exemple, puisque je suis justement de 1985. Les chansons des années 80 et 90 m'ont marquées, pourtant je n'avais pas atteint comme tu dis la mâturité de mon "développement des goûts musicaux". Un tube sorti en 1986 par exemple, n'a évidemment pas pu me marquer en tant qu'audiophile aguerri, mais si je parcours les tops de cette année, j'en connais facilement 65-70%. Soit parce que j'ai été bercé avec, parce que je les entendais passivement, ou parce que je les ai écoutés en session rattrapage. Toujours est-il que l'Aziza de Balavoine ou la Ballade de Jim de Souchon
, voire Living in America de James Brown, Russians de Sting, Walk this way de Run DMC ou encore Sledgehammer de Peter Gabriel sont des titres m'ayant marqué, et que connaissent et reconnaissent bon nombre de personnes de ma génération. C'est encore plus évident si on considère une personne de 35ans, mais inutile d'aller jusqu'à 40 ans.
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Mes condoléances, mais ça confirme ce que je disais sur l'absence de ruptures générationnelles depuis les 70's. Bien sûr qu'il y a des hits qui restent. Et évidemment, leur place est de plus en plus grande proportionnellement à chaque décennie puisqu'il s'en rajoute de plus en plus. En 1975, un ado banal ne pouvait pas piocher dans la discothèque de ses parents banals, nés dans les années 30/40, pour y trouver quelque chose à son goût d'amateur de pop/rock. Ils écoutaient de la variét' française, du musette, du classique de supermarché (au mieux un peu de Presley, de Ray Charles et des chanteurs à texte, mais c'était une minorité). En 1986, la musique anglo-saxonne (ou française dérivée de) est devenue dominante, d'autant plus avec l'explosion d'MTV et du phénomène des clips. Les années 80, c'est aussi l'explosion des medias orientés "nostalgie" (radios "classic rock" aux USA etc.)
Donc oui, les hits qui "restent" sont de plus en plus nombreux, et cela empirera avec le phénomène dit de "régression" chez les jeunes qui sont ados de plus en plus tôt, le restent de plus en plus tard, et considèrent dès leurs 16 ans que "c'était mieux avant". Il y a un empilement progressif de tous les hits (ou pseudo-hits dans le cas de morceaux qui deviennent connus seulement 5, 10 ou 20 ans plus tard grâce à une pub ou un film) donc de moins en moins de place pour la nouveauté. Et il faut rajouter aussi le phénomène du stargazing qui a commencé vraiment à fonctionner en masse dans les 80's, justement parce qu'on avait une décennie de recul, donc du matériau abondant pour transformer le premier débile venu assorti d'une guitare en "légende vivante" (évidemment, avec 30 à 40 ans de recul, ce phénomène déjà ridicule en soi a pris des proportions qui font peur).
Exact.
Citation :
J'admets cependant une erreur qui au final ne fait qu'appuyer mon ressenti global j'ai sous estimé l'impact des années 60/70 sur nos esprits, pourtant bon nombre de gros titres de ces années sont encore dans les moeurs.
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Surtout que dans la liste de tes chansons "inoubliables" sur ton dernier topic, presque toutes étaient des 60's et 70's.
Citation :
Cela renforce mon idée qu'avant, on faisait des hits qui n'ont pas perdu une ride aujourd'hui et qu'on prend plaisir à ré-écouter. Je prends un top 100 au pif, de 2005, et bien que je connaisse un grand nombre des titres, aucune émotion ne s'en dégage, aucune nostalgie.
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Peut-être aussi, en partie au moins, parce que tu appartiens à la "me generation", celle qui adore faire de la sociologie de masse à partir de son cas particulier ?
potemkin a écrit :
Tout est accessible à un ado oui, cela dit il faut aller le chercher. L'ado aujourd'hui écoute ce que les potes écoutent, ce que les clips diffusent, ce que Youtube/Deezer/Spotify mettent en avant, mais il ne tombera pas par hasard sur un ABC de M. Jackson ou un Run Away de Real Mc Coy. Enfin sauf s'ils sont repris dans une pub.
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Faudrait savoir : tu ne fais que dire le contraire depuis le début. Tu dis que l'on recycle sans cesse les mêmes vieilles scies des 60's/70's/80's dans les films, dans les pubs, à la radio, dans les jeux vidéo et surtout à la maison grâce à papa/maman. Et là-dessus, je suis d'accord avec toi. Quand je dis que la musique des parents (et même maintenant de certains grands-parents) est potentiellement écoutable par un ado, je parle du style musical. Il y a toujours des fractures entre classes et cultures, mais au sein d'un même famille, la transmission ne pose plus de problèmes comme ce fut le cas lors des années 50/60 (et 70 chez nous) où les genres/styles musicaux dominants chez les jeunes ont changé du tout au tout.
potemkin a écrit :
Mon titre dit ce qu'il veut dire sans erreur ou sens caché possible, à savoir toute la musique (je ne parle pas de genre musical particulier?) contemporaine (au sens d'actuelle, précisant que je l'oppose aux 60/70/80/90, par déduction la contemporaine est celle des années 2000).
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Non, la musique dite "contemporaine" est la musique savante, en opposition à la musique populaire/commerciale. Dans ce topic, tu parles uniquement de la deuxième.
Et le terme contemporain est lié à une génération (au sens propre, c'est-à-dire une vie humaine moyenne, pas au sens marketing qui définit une nouvelle génération à chaque fois qu'elle a quelque chose à vendre avec le label miracle "génération machin-chose" pour entraîner un effet mouton). Quand on parle d'Histoire contemporaine, ou d'art contemporain, on ne désigne pas seulement ce qui s'est passé depuis 10 ou 15 ans. ---------------
Qui peut le moins peut le moins.
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