Ben voilà, je l'ai découverte sur sa page MySpace, qui, en quelques mois, a eu plusieurs millions de visiteurs. Elle a sorti son premier album mi-juillet "Alright, Still" et cartonne en Angleterre. Pour ceux qui connaissent et ceux qui vont découvrir, qu'en pensez-vous ?
voilà l'adresse : http://www.myspace.com/lilymusic
le site officiel : http://www.lilyallenmusic.com/
Critique des inrocks :
Du haut de ses 21 ans, Lily Allen, une gamine brune, joviale et un peu rondouillarde présente de loin toutes les tares congénitales de la fille à papa impatiente, capricieuse, ramenarde et envahissante. Petite cigale frivole, nombril à lair, qui sapprête à chanter tout lété sur les ondes via son tube Smile un reggae fruité sur fond damertume sentimentale , elle savère, une fois son petit manège arrêté, bien plus lucide, drôle et consistante que les apparences lont dans un premier temps laissé croire.
On parle delle partout comme une de ces nouvelles lauréates de lInternet depuis quen déposant lan dernier ses chansons sur le site Myspace elle a enregistré quelque cinq millions de visites, mais elle sait bien que la rampe où brillent de tels feux précocement allumés peut aussi devenir savonneuse : "Internet ne ma pour linstant permis quune chose : croire un peu plus en moi. Avant, quand je faisais écouter mes chansons autour de moi, lorsque les gens aimaient bien je pensais quils se foutaient de ma gueule ou quils cherchaient juste à me faire plaisir. Grâce à internet, jai pu avoir des avis beaucoup plus objectifs. Mais il ne faut pas croire aveuglément à sa propre hype, cest un miroir dangereux quon vous pose devant les yeux."
Prudente, elle refuse de voir plus loin que le bout de son premier album. Toutes les deux minutes, elle prend soin de rappeler son âge même si, à lécouter, on devine bien assez tôt que certaines années ont compté triple. Alright, Still est ainsi un vrai trésor effervescent qui brasse assez large (pop, soul, calypso, hip-hop et même easy listening avec Littlest Things, basé sur un sample de la BO dEmmanuelle signée
Pierre Bachelet) et repose essentiellement sur le culot vocal de Lily Allen et son bagout de peste middleclass qui ne cherche jamais à travestir ses origines. Un peu frimeuse ("jai un lecteur CD depuis quatre mois seulement, je ne men sers que pour faire des compilations de mes 45t de reggae" ), elle ose même jouer aux prophètes en jean taille basse : "Il faudrait une nouvelle drogue, ou une révolte sociale, toutes les grandes étapes de la musique anglaise sont parties de là. Il faudrait une nouvelle Thatcher contre qui on pourrait se défouler, pas un trou du cul souriant comme Tony Blair. Il y a peut-être au milieu de locéan une vague qui commence à sélever et on ne sait pas encore
" Sans le dire, elle rêve évidemment den être le signe avant-coureur.
Christophe Conte
18 juil. 2006
Article de Libé :
Lily Allen, Lolita pop
Par Emily BARNETT
Au concert privé qu'elle donnait lundi soir à Paris dans une boîte pour présenter son premier album, Alright, Still, Lily Allen babillait encore sur son portable cinq minutes avant d'entrer en scène. Lovée sur le sofa à l'entrée de la salle, plutôt que recueillie dans la pénombre des coulisses. Peu après, la chanteuse londonienne de 21 ans entonnait de sa voix limpide et sensuelle son single Smile, propulsé depuis quelques jours en tête des charts outre-Manche, donnant à sa prestation un tour à la fois languide, espiègle et gouailleur. Entre deux chansons, elle recueille avec un peu de gêne les applaudissements, demande du feu à un spectateur, comme pour échapper au protocole de l'artiste en représentation.
Engouement. A l'image d'un album métissé, puisant rythmes et mélodies aux sources d'univers variés (ska, reggae, trip-hop, zouk), parfois rétro, cette lolita aux allures de garçon manqué se faufile entre les mots et les humeurs. Une liberté de ton qu'elle exerce, semble-t-il, depuis son plus jeune âge.
Lily Allen quitte l'école à 15 ans, après s'être fait expulser d'une dizaine d'établissements : «J'ai compris très jeune comment ce système fonctionnait, dit-elle. Je me souviens que ma mère essayait de me faire comprendre ce qu'enfreindre une loi pouvait engendrer : la police, la prison. Et je me disais : D'où vient l'autorité ? Qui nous dicte ce qui est bien ou mal ? Je suis un être humain, je devrais pouvoir faire ce que je veux, du moment que je n'assassine personne !» Elle préfère de loin explorer la discothèque familiale, où elle découvre le reggae et le punk (Clash, Stranglers, Slits, Squeeze...), ou lire les poèmes de Sylvia Plath, l'Attrape-Coeurs de Salinger et le Journal d'Anne Frank emblèmes de la solitude adolescente
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Une histoire d'amour soldée par une rupture douloureuse à l'âge de 17 ans, plusieurs mois passés à l'étranger Inde, Cambodge, Thaïlande , et la brune Lily revient régénérée, pleine de paroles en tête : «Je voulais chanter, mais pour réussir dans ce domaine il faut pouvoir écrire ses propres textes.» Souvent incisifs, parfois cyniques, les siens dépeignent des scènes de la vie quotidienne (LDN), prennent à partie un boyfriend insensible (Smile, Not Big), ou s'émeuvent, dans une veine plus sentimentale, face au spectacle d'un couple amoureux (Littlest Things).
Après deux années d'écriture («ma mère m'a transmis sa détermination, son sens de la lutte»), elle signe en novembre avec la maison de disque Parlophone. Mais c'est en déposant ses chansons sur le site Myspace (1) qu'elle devient l'objet d'un engouement collectif, avec à ce jour quelque cinq millions de visites enregistrées. Ce succès, elle affirme ne le devoir qu'à elle-même, surtout pas à son père, le comédien Keith Allen, très célèbre en Angleterre. Elle ajoute, piquante : «Il n'est pas une star pour les gens de ma génération. J'ai passé ma vie à expliquer qui il était. Je suis obligée de dire que c'est lui qui joue le dealer de Trainspotting, ou le mec à poil dans Shallow Grave. »
Luxe.
Lily Allen ne se considère pas comme une enfant de la balle, bien au contraire : «Ma mère nous envoyait dans des écoles très chères, là où généralement seuls les riches placent leurs enfants. Mais nous, on ne l'était pas du tout. Je suis devenue très jalouse des autres, parce qu'on venait les chercher dans de somptueuses voitures, qu'ils avaient toujours de nouveaux vêtements.»
Elle reconnaît une «obsession du luxe», qui la fait se plonger dans les livres d'histoire du XVIIIe siècle : «J'étais fascinée par les rois, les reines, les robes.» Et si l'on en vient à évoquer ses ambitions artistiques, Lily Allen se contente de répondre, laconique : «Je chante pour donner une stabilité à ma vie, pour m'acheter une maison où je serai sûre de pouvoir dormir tous les soirs.»