Jeff Mills 30/05/2008 20 ans Rex Club
Vendredi 30 mai 2008.
22h, l’heure à laquelle nous nous sommes accoudés, un pote et moi, contre le mur devant le temple de la techno accueillant une énième fois l’un des fondateurs de la musique originelle de Detroit. Une énième fois, mais pas un coup pour rien. Ce soir, ce serait un plaisir all night long pour les 20 ans de la maison… Deux heures de queue nous attendaient. C’était le prix à payer pour être de la partie, n’ayant pas pu nous procurer de précieuses préventes.
Nous étions tout excités d’être les premiers devant la mythique porte rouge et être assurés d’être les premiers rentrés ; les premiers des derniers pour être précis car les premiers après la queue des préventes de l’autre côté du trottoir. Au fil des heures, nous avons vu notre queue s'allonger derrière nous comme une queue qui a une érection, excitée par le plaisir qui l’attendait à l‘intérieur… Dans la queue se bousculaient des habitués et des novices, des beaux et des moches, des teufeurs et des branchouilles ; c’est aussi ça le Rex, l’éclectisme !
Juste derrière nous, s’incrustaient deux, puis quatre, puis dix personnes d’une même bande de potes, arrivés comme des fleurs à la dernière minute, et rejoignant leurs amis courageux qui étaient comme nous partis au front à la première heure. Cette bande de potes dont je vous parle, était composée de filles et de garçons, de bonnes familles, la mèche du bon côté et le teint de porcelaine. Je les ai entendu dire que c’était la première fois qu’ils venaient au Rex, avaient beaucoup entendu parler de Jeff Mills, et étaient curieux de le voir dans ses œuvres. Je mattais les filles canons de cette bande qui étaient apprêtées comme si elles allaient valser à un bal de fin d’année. Des ballerines, des collants noirs, des robes aériennes, un ruban dans les cheveux… c’est aussi ça le Rex, l’éclectisme !
Détrompez-vous.
23h30. Les portes s’ouvrirent. La queue des préventes pénétra dans le trou. Une heure passa, puis ce fut enfin au tour de la queue des « sur place », notre tour. Enfin, nous le croyions… Le videur s’approcha de nous et nous demanda combien nous étions. « Quatre », je répondis (mon pote et moi avions sympathisé dans la queue avec un couple banal, également arrivé à la première heure). – « Désolé, une fille pour trois garçons, ça ne va pas être possible ». Je lui expliqua que nous étions arrivés les premiers et que nous attendions depuis deux heures. – « Mettez-vous sur le côté pour laisser passer ». Alors passa la bande de dix personnes de bonnes familles juste derrière nous, arrivées comme des fleurs à la dernière minute et qui n’ont pas un seul album de Jeff Mills dans leur discographie, j’en suis certain.
Décidés à rentrer, nous insistions une deuxième fois auprès des videurs et une troisième fois auprès du responsable des physionomistes, le petit gay branchouille, qui pourtant avait l’habitude de nous croiser de nombreux vendredis, fidèles clients des soirées automatik… Ce bonhomme dédaigna de nous écouter et nous ignora comme des malpropres.
Pendant longtemps j’ai loué les mérites du Rex comme le temple de la techno sur Paname, le dernier bastion du clubbing parisien où les passionnés s’y retrouvent, non pas pour les plaisirs futiles de l’alcool, de la drague et du « m’as-tu vu », mais pour l’amour de la techno ! Tout cela a bien changé.
Nous abandonnâmes et descendirent l’escalier, non pas celui de la boîte mais celui du métro, en maudissant : « Le Rex, ce n’est plus ce que c’était ! ».
Message édité par coxiandguy le 03-06-2008 à 14:29:51