Foix. Ils tuent leur voisin et jettent le corps
Trois accusés répondent d'un meurtre commis à Foix, en août 2008 : un homme avait été tué au cours d'une soirée très alcoolisée. Le procès a commencé hier aux assises.
Le procès du meurtre de la rue de la gare à Foix a commencé hier à la cour d'assises. Sur le banc des accusés Christophe Nicolas, 36ans, son épouse Pascale, 44 ans, et Michel Tistounet, 49 ans. Ils sont accusés d'homicide volontaire sur la personne de Jean-Marie Vantouroux, 50 ans, demeurant près de la gare SNCF de Foix. Les faits se sont déroulés dans la nuit du 15 au 16 août 2008 : la victime et son épouse étaient invités à l'apéritif chez leurs voisins, les Nicolas. Dans la soirée Mme Vantouroux est partie se coucher. Le lendemain elle allait au commissariat de Foix pour dire que son mari avait disparu. Les policiers ont vite fait le lien avec le corps d'un homme mort retrouvé à Gudas, à plusieurs kilomètres de Foix, dans un ruisseau.
Une sauvagerie inimaginable
L'enquête s'est orientée naturellement vers les Nicolas et un ami qui était présent à la soirée, puisqu'hébergé chez eux, Michel Tistounet. On ignore les motifs exacts du meurtre ; ce qu'il y a de sûr c'est que la victime a été tuée avec sauvagerie inimaginable. Un tournevis cruciforme, un marteau et un sécateur sont les objets qui ont servi au meurtre. Les faits ont été reconnus par les protagonistes mais dans le désordre et les responsabilités restent à démontrer. Pascale Nicolas dira qu'elle a vu Michel Tistounet donner des coups de marteau derrière la tête de la victime qui bougeait encore, alors que Christophe Nicolas aurait donné les coups de tournevis. Tistounet reconnaîtrait les coups de marteau. L'autopsie dit que les coups ont été portés avec une grande force ; le coup qui a provoqué la mort a été porté au niveau du crâne. Confronté quatre fois au juge instructeur, Christophe Nicolas donne à chaque fois une version différente des faits en minimisant son rôle. Il aurait simplement aidé à transporter le corps et à nettoyer les lieux. Le jour de la reconstitution les enquêteurs auront droit à une nouvelle version. Les hommes présents ce soir-là avaient bu. Beaucoup.
4,5 g d'alcool dans le sang
L'autopsie montrera que la victime avait 4,50 g dans le sang, mais les meurtriers étaient ivres également, cela ne fait guère de doute. Ce qui aurait déclenché la folie meurtrière. Christophe Nicolas qui était du genre à partir au quart de tour lorsqu'il avait bu (huit condamnations pour violences liées à l'alcool et trois séjours en prison) n'aurait pas apprécié une attitude séductrice de la part de la victime envers sa femme. Laquelle n'a pas l'habitude de boire comme elle le souligne, elle-même. Par contre d'après elle, Michel Tistounet était capable de « vider un cubi en moins d'une heure ». Et si on ne lui donnait pas ce qu'il voulait « il frappait violemment sur la table ». Et elle prend pour exemple une bouteille de pastis. Sa stratégie transparaît à cet instant : elle fera bloc avec Christophe, qu'elle a épousé en prison et qu'elle considère comme son « premier amour ». L'objectif c'est, bien sûr, de porter la responsabilité du coup fatal sur Michel Tistounet. Pascale décrit un Tistounet macabre à un enquêteur. Cela ne peut pas être son mari « qui est responsable de cela ; cela relève de la psychiatrie, c'est trop fou ». On verra aujourd'hui si la défense des Nicolas se précise.
Une somme de vies chaotiques
Le parcours de vie de Christophe Nicolas s'avère des plus chaotiques. Enfant naturel, il n'a pas connu son père et a été élevé par son grand-père, envers lequel il éprouvait un profond respect. Il dit lui-même qu'il n'était pas bon à l'école. Sa mère se remarie et il déteste son beau-père. Quand sa mère aura un autre enfant, il se sent repoussé : « De premier, je passe le dernier. » La famille partira dans l'Aude, près de Castelnaudary, où il travaillera dans une coopérative agricole comme saisonnier, après 18 mois de service dans la Marine nationale. Il aurait pu rempiler et partir en Martinique. Mais non, il reste en métropole. « J'étais avec quelqu'un », explique-t-il. Peut-être a-t-il laissé passer là une chance car lorsqu'il est cadré, il est plutôt travailleur. Il était donc avec une copine mais « je l'ai trompé, j'ai merdé ». La suivante lui donnera une fille, qui est la personne à laquelle il tient le plus. Mais la mère se lassera des brutalités de Christophe dues à l'alcool et fera ses bagages.
Violence et alcool
Et tout le reste, jusqu'à aujourd'hui, sera rythmé par le couple violence-alcool. Quand se produit le meurtre, il était sorti de prison, depuis deux mois environ. Pascale Nicolas aura une scolarité plutôt nulle à Tarascon, elle sèche les cours, en famille ça ne marche pas fort. Elle lâche la scolarité. Elle connaît un premier homme avec lequel elle vivra cinq ans « il aimait boire et les femmes ». Le second homme sera un véritable calvaire. Il la bat au point de lui casser le nez. Une autre fois, il lui casse un balai sur le dos. Quand elle rencontre Christophe Nicolas, c'est le grand amour. Il aime ses enfants, l'atmosphère change et elle l'affirme au tribunal malgré les doutes émis par le président. Quant à Tistounet, il est qualifié d'attardé sur le plan intellectuel ; il sera mis sous tutelle ; à 15 ans, il travaille dans le textile mais il est licencié parce qu'il boit. Après, il glisse dans la marginalité. Il est hébergé à droite, à gauche. « C'est un faible, il est influençable et timoré », dit l'enquête.
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