Bonjour, Merci a vous c sympa. Je vous livre le début çà donnera une idée du style. Et n'hésitez pas dans les critiques, c toujours constructifs.
A plus.
Je te souhaite une bonne année 1958, jespère quelle sera meilleure que la précédente.
La personne à qui je parle ne peux pas me répondre, ce nest que mon reflet dans le miroir de la salle de bain. Ce soir je suis seul et je nai personne à qui parler. Ne vous inquiétez pas jai lhabitude, cest toute lannée comme çà. Je ne suis pas triste, je me fais une raison. Malgré tout, je nai pas le courage de me déboucher une bouteille de champagne. De toute façon je crois que je nen ai pas. Je nai plus grand chose, dailleurs. Je nai pas vraiment damis, ma famille est loin, je nai pas de femme. Vous me direz quà 45 ans cest désolant de ne pas être marié. Davoir des enfants, une famille quoi ! Je suis daccord. Mais que voulez-vous la vie en a décidé autrement. Jai bien eu quelques femmes, mais je nai jamais pu ou su les garder. Sans doute en suis-je le principal responsable. Ce doit être mon caractère, cest du moins ce que je me dis. Je nai plus de travail, non plus. Cà fait, maintenant, presque trois mois. Javais un bon boulot. Jétais contremaître dans une usine qui fabriquait les boites à fromage. J'étais bien payé, personne ne memmerdait. Jétais peinard, quoi. Et ils mont viré comme un malpropre, ces salauds. Après 15 ans de service, ils nont eu aucun remord à me foutre dehors comme un chien. Et tout çà pour mettre à ma place le fils dun ami du patron. Enfoirés ! ! Bon, je crois quil faut mieux que sorte, çà va me calmer et çà me fera voir du monde, cà me fera oublier tout ces cons. Cà me changera les idées.
Jai bien fait de mettre mon pull épais et mon gros manteau, il fait un froid de canard. Pourquoi de canard, dailleurs. Pourquoi pas doie, de kangourou ou bien de cheval. Jen sais rien et puis de toute façon je men fous. Il caille et peu importe de quelle bestiole. Je marche au hasard, sans but. Les rues sont animés. Il y a plein de gens plus ou souls qui crient, qui chantent, qui hurlent. Je viens de mengouffrer dans une rue parallèle au Champs-Élysées. Je croise toute sorte de gens. Des badauds crient « bonne année » à tous ce qui bouge. Certains leurs répondent gentiment, dautres sen désintéressent. Celui-là minterpelle en venant vers moi les bras tendus, près à me faire laccolade. je lui tend la main, lui faisant comprendre que pour les embrassades se sera sans moi. Déçu, il minjurie. De colère, je lui lance un « Tu sais où tu peux te la mettre ta bonne année » en pleine figure. Sympa lambiance. Au moins je ne mennuie pas. Arrivé, presque au bout de cette rue, un homme assis en tailleur sur le trottoir, les yeux fixes, me regarde passer. Sans y prêter attention je continue mon chemin, comme tout le monde, dailleurs. Mais au moment de tourner dans une rue à droite, je ne saurais trop vous dire pourquoi, mais quelque chose ou quelquun en moi me demande de retourner voir cet homme. Je fais donc demi-tour. Une fois arrivé à sa hauteur, je le regarde sans rien dire. Lhomme nétait vêtu que dun tee-shirt, dun pantalon en toile bleu et dune paire de godillot sans lacets. Je ne me posais même pas la question de savoir commet cet homme arrivait à supporter ce froid glacial. Je fixait son regard dun bleu profond, extraordinaire. Javais la sensation quil voulait me parlait, mais ce ne devait être quune idée, ses lèvres ne bougeaient pas. Nous sommes restés une bonne minute comme çà. Je ne sentais même plus le froid, je nentendais plus les badauds crier et chanter. Jétais comme happé par cet homme. Puis retrouvant un peu de lucidité, je lui demande si il navait pas froid. Ses yeux se firent plus gros, un bout de sa langue dépassa de sa bouche, mais pas un mot nen sortit.
Vous avez froid, dis-je en insistant.
Lhomme resta muet. Je mapproche un peu plus de lui, et lui touche les mains. Elles sont congelées, son visage aussi. Cet homme est congelé. Il ne parle pas parce quil ne peux pas parler, ses lèvres sont gelées. Le pauvre, il faut que je fasse quelque chose je ne peux pas le laisser comme çà, il ne passera pas la nuit. Je regarde autour de moi si, par hasard, quelquun pourrait maider à lui venir en aide. Mais les gens passent sans même regarder. Jentreprend, donc, tout seul de le prendre par les aisselles pour essayer de le lever. Il est lourd le bougre. Pourtant il nest pas très gros, mais on dirait quil est devenu un bloc de glace. Après un effort, qui pour moi était surhumain, je réussi à le mettre debout. Enfin debout nest pas exactement le terme approprié. Ses jambes avait gardé leur position. Croisées. Il ne pouvait pas se tenir debout. Je le rassit et commence à lui masser les jambes pour essayer de les réchauffer. Je le fait avec précaution de peur de lui casser. Jais limpression de masser un stalagmite. Une fois ses jambes redevenues normales, jentreprend de lui masser ses mains et son visage sous les remarques désobligeantes des passants qui nous traitent de « Petites fiottes « et autres gentils surnom destinés à une certaine catégorie dhomme dont, je tiens à vous le signaler, je ne fais pas parti. Après trois minutes de massages, son visage retrouvent une couleur rosée, ses mains bougent. Il peut esquiscer un sourire et me dit avec difficulté.
Merci.
Ce merci me fait chaud au cur . Jest limpression pour la première fois de ma vie davoir accompli une bonne action. Je suis un héros. Jai redonné vie à un être humain. Cette idée me fait sourire.
De rien, lui répondis-je.
Dans mon élan, je lui propose de venir se réchauffer dans un bar en buvant un bon chocolat bien chaud. Lhomme acquiesce de la tête. Je laide à se relever, je le couvre avec mon manteau et nous partons en direction du bar le plus proche qui doit se trouver à trois cent mètres environ. Nous marchons lentement. Je le soutiens, il a des difficultés à se mouvoir. Il nous faut un bonne vingtaine de minutes pour accéder à lestaminet. En entrant le patron nous jette un regard noir. Nous sommes bras dessus bras dessous. Sans doute pense t-il que nous sommes ensemble. Je vais le rassurer tout de suite.
Bonjour, patron cet homme est mal en point, je lai trouvé dans la rue, pourriez-vous nous servir deux chocolats bien chauds, sil vous plait.
Vous avez de quoi payer, me lance t-il sur un ton sec.
Je le rassure et nous nous asseyons à une table près dun radiateur.
En avalant tranquillement nos boissons je minquiète de sa santé.
Vous allez mieux, vous navez plus froid.
Ca va mieux, merci.
A ma grande joie, il pouvait me parler.
Vous mavez fais peur, vous savez. Si je nétais pas passer par là vous seriez certainement congelé, me vantais-je.
Je vous dois la vie, me dit-il dune voix très douce.
Nexagérons rien, repris-je très fier.
Je le questionnais pour savoir ce quil faisait dans la rue, pourquoi nétait-il pas chez lui.
Je dors dans la rue defuis que jai quitté lhôpital, me renseigna t-il.
Le pauvre il a encore du mal à articuler.
Et depuis combien de temps ? continuais-je
Deux mois.
Je le regardais plein de compassion, cet homme devait avoir une cinquantaine dannées et sa vie ne devait pas être très drôle.