A Monsieur JJ Tisserand.
Monsieur, votre réponse me laisse absolument perplexe et je ma demande si même vous avez vraiment lu, en le comprenant, ce que je vous ai écrit. Au mieux, nous avons un dialogue de sourds. Etes-vous aveugle ? Oui ! Vous êtes un croyant. Vous avez un Pape dans la personne d’un grand seigneur motorisé qui professe un catéchisme glorieux et ce dignitaire est ce Pape auto proclamé de votre Dieu qui comme dans toutes les croyances de l’histoire de l’humanité finira aux oubliettes avec l’image du Dieu qui n’était pas même un mirage. Le clergé se débat pour sauver sa raison d’exister mais vous embrassez du vide : L’inexistence de l’auteur Molière.
J’aimerais avoir de vous un argument autre qu’une affirmation gratuite, une phrase signée Molière disant simplement, cette pièce que j’ai écrite. Ah ! Vous pourriez triompher, vous auriez une preuve mais voilà… Il ne l’a jamais écrite cette phrase qui changerait la face du monde. Votre Dieu n’a jamais dit ni écrit qu’il avait écrit.
Non, Il a employé toutes les circonlocutions possibles pour ne pas mentir, ce qui tout de suite eut été sanctionné par les écrivains, ses confrères, comme il dit ironiquement.
De Molière, vous avez les trois dédicaces que vous niez, sans doute le troisième placet de Tartuffe et certainement des restes de sa lettre à Mothe-le-Vayer qui a été réécrite, paraît-il, par un écrivain qui, à mon avis, a laissé subsister deux bouts de phrase : « Le chemin que l’on suit eu pareille rencontre » et « Mettre sa douleur en liberté » ceci est du niveau des dédicaces, c'est-à-dire d’un tapissier qui a juste été à l’école pour apprendre à lire et à compter.
Compter, Molière le fait tr ès bien, il l’a fait toute sa vie pour les besoins de la troupe qu’il dirigeait. Si l’on additionne toutes ses occupations « ménagères» et qu’on y ajoute son rôle de courtisan assidu, on voit que Molière travaillait comme quatre et si cet homme a du temps libre ne lui jetez pas la pierre s’il va s’amuser avec ses amis, de sa vie c’est tout ce qui lui appartient ; le recueillement, la tranquillité d’esprit, l’inspiration… Quand voulez-vous qu’ils les trouvent. Quand voulez-vous qu’il conçoive, qu’il ébauche ne serait-ce qu’un plan ? A la croix-blanche sans doute et c’est là aussi que le grand poëte aurait trouvé l’inspiration non seulement pour affirmer ses personnages les plus modestes, mais, par exemple, pour faire dire à Ali : « Le ciel ce soir s’est habillé en Scaramouche ». C’est de la poésie et cela ne se trouve pas en jouant aux cartes.
Vous n’avez pas pour vous qu’un mauvais catéchisme, celui de Grimarest et vous oubliez évidemment qu’il y est écrit que Molière travaillait avec la plus grande difficulté et moi je vous dit que ceci ne se sent pas dans les tirades de Don Juan, d’Elvire, de Tartuffe, d’Horace ou de cette chère Agnès qui toutes ont le même souffle que celle de Psyché, d’Auguste, de Camille ou de n’importe quel personnage de Corneille parce que toutes sont du même auteur, de Corneille qui n’a pas donné le Menteur à Molière et pour vous c’est grand dommage.
Si Molière avait eu du temps, je ne vois pas ce qu’il en aurait fait sinon quelque chose dans le style de la dédicace à madame. Et ne me dites pas qu’il lisait, il n’avait pas même de bibliothèque.
Cher monsieur, à vrai dire je vous plains parce qu’il vous reste une religion qui déjà est presque sans Dieu. A l’époque, tout le monde savait mais à cause du roi, on n’osait rien dire de son cher Molière, vous devez savoir que Boileau doutait et que Racine qui était inimitable, et ce mot veut dire qu’on ne peut pas l’imiter, inimitable jusque dans la comédie.
Votre Dieu est Corneille sans que vous le sachiez. Oubliez Voltaire et toutes les gloires de la république et sachez que Corneille est un grand français. Si vous aviez des arguments valables je serais content parce que ma religion est celle du beau, peu importe l’auteur, et je bénis celui qui est capable d’inventer des merveilles.
André Charlier.