un peu de lecture pour éclairer ceux qui prendraient encore hulot pour le messie du 21° siecle !!
Nous reproduisons ci-dessous, sous forme de "tribune" [1], des extraits dun article de Sophie Divry consacré à Nicolas Hulot. Les passages choisis concernent le rapport que les médias entretiennent avec lanimateur dUshuaïa Nature. Lintégralité de larticle est consultable sur le site de la décroissance. (Acrimed)
Nicolas Hulot, lors du lancement de son dernier livre, Le pacte écologique, a bénéficié dun accueil dithyrambique dans les médias. Invité sur France-Inter, à la télévision, en une du Figaro et du Monde, lanimateur de télévision est présenté partout comme un grand défenseur de la cause écologiste. Même nos amis de lhebdomadaire Politis lacclament en une sous le titre « Le croisé de la décroissance », alors quil sest toujours déclaré étranger à cette idée. Face à cette déferlante, il est utile de rappeler quelques faits sur Nicolas Hulot. Comment gagne-t-il sa vie ? Quelles sont ses activités ? Qui sont ses amis et soutiens ? Et surtout, quelles sont ses idées ? Bref, pourquoi le télé-écologiste aux discours inoffensifs et aux actions timides est un parfait « produit médiatique » ?
Nicolas Hulot est animateur de télévision, présentateur de lémission « Ushuaïa » depuis 1987. Pour ses quatre émissions annuelles, lhomme de télé est rémunéré de la modique somme de 30 000 euros par mois [2]. Il faut ajouter à cela les droits dauteur quil touche pour ses ouvrages ("Le Syndrome du Titanic" sest vendu à 160 000 exemplaires) et un pourcentage sur les ventes des livres et des DVD Ushuaïa.
Mais plus quune émission de télé à grande audience, Ushuaïa, cest un label « 100 % rentable » décerné par TF1 à des produits dérivés, comme le raconte lenquête du journal économique LExpansion : « TF1 a cédé en quinze ans la licence dexploitation à plus dune quinzaine de sociétés (LOréal pour les cosmétiques, Atol pour la lunetterie, Rhonetex pour les vêtements, Lexibook pour lélectronique grand public, Quo Vadis pour la papeterie...) et cautionné ainsi la commercialisation dune soixantaine de produits dérivés en France. En jouant, même si la chaîne sen défend, sur lidentification Ushuaïa-Nicolas Hulot pour les consommateurs. TF1 estime à... 100 millions deuros le chiffre daffaires annuel généré par tous les produits griffés Ushuaïa. »
Un business orchestré par TF1
Parmi ses produits dérivés, citons un encens déclaré cancérigène par lUFC Que Choisir, les gels douche en plastique remplis de produits exotiques, et le magazine appelé... Ushuaïa [3]. Dans ce magazine, que trouvons-nous ? De belles images de nature, et des reportages poignants sur les bonobos. Entre les deux, des publicités... pour les produits dérivés Nicolas Hulot : lunettes, gels douche, et DVD. Dans le premier numéro du magazine, sur les 10 premières pages, 7 sont des publicités. Se servir de lémotion suscitée par la crise écologique pour pousser à la consommation, il fallait oser. Plus fort encore, les pages 2 et 3 de la même édition sont prises par une pub pour un véhicule haut de gamme Renault (Espace). Sur la dernière page - la plus lue après la couverture - figure une réclame pour un 4 x 4 Volvo vendu environ 50 000 euros : « Volvo XC90, la nature est si belle que pour la découvrir, il fallait un 4 x 4 aussi beau et respectueux ».
À sa décharge, Nicolas Hulot na jamais prétendu être un grand pourfendeur de lautomobile. Parmi les produits dérivés de la marque de TF1, il existe en effet le 4 x 4 « Ushuaïa » : un Peugeot-Partner. Que les transports soient responsables de la plus grande partie des émissions de gaz à effet de serre importe peu. Cette voiture est écologique, puisque « lair conditionné nest proposé quen option, même sur le modèle Ushuaïa Grand Raid qui coiffe la gamme. » [4]
La chaîne de Patrick Le Lay instrumentalise-t-elle Nicolas Hulot pour orchestrer un business « écolo » ? Laissons répondre lanimateur : « TF1 décline des produits dérivés qui permettent à lémission de télé dêtre financée. Au début, jai été surpris par cette stratégie, mais je my suis fait. Cela ne me choque plus du moment que je garde le contrôle du contenu de lémission et ma liberté de parole. (...) Mais il est vrai que je me demande parfois jusquoù on peut aller [5]. »
Des sponsors polluants
Comment se fait-il quun homme à lorigine dun tel business bénéficie dune image positive dans lopinion ? Cela vient en partie de la mission quil sest lui-même octroyée. Porté par laudimat, il ne se veut plus un simple animateur de télévision. Nicolas Hulot veut « mettre sa notoriété au service dune cause dintérêt général. » [6] En 1990, il crée la Fondation Ushuaïa, qui prendra son propre nom cinq ans plus tard. Pour créer cette structure, forte dune quinzaine de salariés, il faut de largent. Les premiers donateurs sont TF1, LOréal et EDF. Mais dautres entreprises vont sassocier à Nicolas Hulot et faire un don : les Autoroutes du Sud de la France, Bouygues Telecom, Valorplast, Apple, Décathlon, Énergie Système, ETT, Eurotherm, Giordano Industries, Grohe, Knauf, Lafarge, Saint-Gobain Isover, Siplast Icopal, Tetra Pak France, UGAP, Weber et Broutin, Yprema... (...)
Idées pâles
(...) Celui qui a refusé à plusieurs reprises un poste de ministre de lEnvironnement se lancerait-il enfin en politique ? Dans cette optique, le « pacte écologique » lancé aux candidats à la présidentielle de 2007 devrait donner la teneur dun programme écologique ambitieux. Or, son maigre contenu ne peut que frapper un observateur attentif. Homme de communication, Nicolas Hulot lance « 10 objectifs » et « 5 propositions », mais ceux-ci sont très imprécis.
(...) Doù vient alors que Nicolas Hulot bénéficie de limage dun homme courageux, qui demande des mesures fortes ? Politis a même décrit Nicolas Hulot comme un « croisé de la décroissance » dans son édition du 9 novembre 2006, alors que lanimateur a dit lui-même : « Je ne crois pas à la décroissance économique. (...) Progressivement, il est possible de créer de nouvelles filières sans toucher à la croissance. » [7] Le télé-écologiste pourrait-il tenir un autre discours que celui, connu, de la « croissance durable » ? (...)
« Il nattaque pas... »
Faire de la politique, proposer des lois, mettre des limites à lappétit des multinationales ou des consommateurs est un langage étranger à lanimateur de TF1. Ancien photographe du Paris-Dakar reconverti dans lédition de luxe, Yann Arthus-Bertrand fait partie du réseau Hulot. Il résume lattitude politique du clan Hulot : « Ce qui me plaît, cest quil nattaque pas. Moi qui ai toujours voté pour les Verts, cette fois-ci je ne voterai pas pour eux. Par leur idéologie antilibérale, antinucléaire, ils ont tout gâché. » « Il nattaque pas », il ne fait pas de politique.
Pour conclure
Nicolas Hulot veut changer les choses de lintérieur... mais de lintérieur des multinationales !
Nicolas Hulot ne sert pas la cause écologique, il contribue à faire passer lidée que le capitalisme et le profit sont conciliables avec un environnement préservé.
Il permet aux entreprises destructrices de se donner bonne conscience en finançant des programmes déducation à lenvironnement.
Nicolas Hulot évite soigneusement de parler de la crise des valeurs et des inégalités sociales qui sont intimement liées au saccage écologique de notre planète. Nicolas Hulot omet la question sociale, celle qui fait que les premières victimes des pollutions (visuelles, sonores, aérienne) seront aussi les catégories les plus défavorisées socialement
Lanimateur de TF1 réussit en somme à faire « beaucoup de bruit pour rien » tout en prenant un espace médiatique précieux. Il participe au recul du politique dont nous aurions tant besoin pour apporter des solutions au drame écologique, mais aussi social et culturel dont notre humanité souffre.
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Sophie Divry pour decroissance.org
Ce texte a été publié dans les Cahiers de l'IEESDS n°1, supplément de La Décroissance en kiosque le 22 novembre
ça remet les pendules à l'heure ......