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Google lance sa bibliothèque numérique, Microsoft riposte
LEMONDE.FR | 04.11.05 | 09h49 Mis à jour le 04.11.05 | 13h20
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oogle a ouvert, jeudi 3 novembre, les portes de sa grande bibliothèque virtuelle. Le moteur de recherche propose l'accès à une première série d'ouvrages tombés dans le domaine public. Mais l'ouverture de ce service en ligne provoque une polémique sur les livres non libres de droits.
Il s'agit simplement d'une "petite fraction" du catalogue qui sera à terme disponible sur Google Print, a souligné dans un communiqué le géant américain de l'Internet. Cependant, il n'a pas précisé combien de ces livres puisés dans de prestigieuses bibliothèques anglo-saxonnes étaient d'ores et déjà accessibles intégralement. Malgré ces imprécisions, Google donne pour la première fois un aperçu concret de son vaste projet annoncé à l'automne 2004. Depuis, un débat mondial sur le devenir des produits culturels les fameux"contenus" à l'ère de l'Internet ne cesse de s'amplifier.
En Europe, le projet de Google a été vu comme un défi à la culture du Vieux Continent. Le président de la Bibliothèque nationale de France (BNF), Jean-Noël Jeanneney, avait estimé en février que Google travaillerait forcément "dans un esprit américain".
"VIOLATION MASSIVE DES DROITS D'AUTEURS"
Aux Etats-Unis, Google Print fait face depuis septembre à une série de plaintes émanant d'auteurs et d'éditeurs qui lui reprochent de vouloir numériser des livres sans leur accord. La Guilde des auteurs, défendant plus de 8 000 écrivains américains publiés, a estimé que Google se rendait coupable de "violation massive des droits d'auteurs". Et fin octobre l'AAP (Association of American Publishers), qui revendique 300 membres, a déposé plainte au nom de cinq grands groupes d'édition : McGraw-Hill, Pearson Education, Penguin Group USA, Simon and Schuster et John Wiley and Sons.
Jeudi, le groupe exploitant le moteur de recherche le plus utilisé au monde est resté très discret sur ses projets concernant les livres soumis au copyright. Reprendre la numérisation des ouvrages protégés "pourrait nécessiter un peu de temps", admettait lundi, dans un message sur le site du groupe, le responsable de Google Print, Adam Smith. Le projet consistant à scanner tous types de livres des collections de la Bibliothèque de New York, de Harvard, Stanford ou encore Oxford en Grande-Bretagne avait été suspendu cet été, et devait reprendre mardi 1er novembre après que Google eut obtenu davantage de garanties sur ses droits de reproduction.
Selon Adam Smith, Google a travaillé avec des bibliothèques, mais aussi "avec des éditeurs directement pour ajouter avec leur permission" leurs livres à son catalogue. Ce travail, ciblé notamment sur les ouvrages anciens non édités depuis longtemps, a déjà apporté "une grande satisfaction", a-t-il affirmé." Nous pensons que rendre les livres plus faciles à dénicher sera bon pour les auteurs, les éditeurs et pour nos usagers", a ajouté M. Smith. Google renvoie également les internautes sur des liens sponsorisés pour commander des ouvrages en ligne.
"Ce qui ennuie le plus les propriétaires de droits, c'est que les seigneurs de la machine à sous Larry Page et Sergueï Brin [cofondateurs de Google] perpétuent l'idée absurde selon laquelle ils font tout cela pour aider le monde, plutôt que pour se remplir les poches", a toutefois récemment estimé le Wall Street Journal dans un éditorial.
MICROSOFT NE VEUT PAS ÊTRE EN RESTE
Des retombées financières qui n'ont pas échappé à d'autres acteurs majeurs de l'informatique. Microsoft envisage ainsi à son tour de numériser des millions de livres et documents imprimés pour les rendre disponibles en ligne via sa technologie de recherche par mot-clé "MSN Search". Une version expérimentale du nouvel outil de recherche, baptisé "MSN Book Search", devrait être lancée l'année prochaine, a précisé le géant américain du logiciel.
Premier accord, un "partenariat stratégique" avec la British Library pour numériser 25 millions de pages de documents et livres. Microsoft va dépenser 2,5 millions de dollars (2 millions d'euros) comme "investissement initial" dans l'entreprise, précise le Financial Times dans son édition de vendredi. Le projet, au long cours, va débuter par la numérisation de 10 000 livres. "Cet accord va ajouter au niveau du contenu et de la valeur du portail MSN", le portail internet de Microsoft, a déclaré au journal Alistair Baker, directeur de l'exploitation de la société américaine.
Le portail internet MSN rendra d'abord accessibles des ouvrages tombés dans le domaine public, puis travaillera ensuite avec les propriétaires de droits d'auteur "pour scanner légalement des matériels protégés", ajoute un communiqué. Microsoft entend ainsi éviter toute polémique avec les auteurs et éditeurs.
Avec "MSN Book Search", qui balaiera le contenu de livres, d'ouvrages universitaires et de périodiques, le géant des logiciels dit vouloir "mieux répondre aux questions du public avec des contenus fiables extraits des meilleures sources". Avec cet outil, "nous pensons que les gens tireront un bénéfice de la capacité, non seulement de visualiser une page" mais aussi d'utiliser ensuite ces données sur les applications équipant leur PC, a indiqué Christopher Payne, responsable de MSN Search.
Outre Google, le portail Yahoo! travaille aussi depuis peu à l'élaboration d'une bibliothèque numérique. De son côté le site de commerce en ligne Amazon.com archive depuis deux ans des livres, auxquels il propose d'accéder via son propre outil de recherche dans l'espoir ensuite de doper les ventes.
Avec AFP et Reuters
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