Plus de détails. La conclusion pourrait être signée Abakuk.
(topic de grande qualité n'empêche )
gros pavé:
http://www.tribunedelyonhebdo.fr/i [...] &Itemid=37
Un papier du journal suisse Le Matin :
Le «baston-business», dernière trouvaille d’écoliers lyonnais
Martin Gi
«Ils m’ont fait entrer gratis, parce que je les connais. » Yasmina*, liane métissée de 14 ans, se rengorge sous son air blasé. Ce jeudi 19 avril, elle a pu assister au spectacle qui se donnait dans une cour d’immeuble du VIe arrondissement de Lyon. Privilégiée. Pour faire de même, d’autres écoliers ont dû payer. Ils ont lâché quelques euros, des chewing-gums, une poignée de bonbons. Selon certains, un «organisateur» récoltait le butin, d’autres bloquaient le passage à ceux qui ne pouvaient pas casquer.
Ensuite, les spectateurs ont collé leur nez contre la porte vitrée, au bout de l’immense hall d’entrée. Devant eux, dans la cour intérieure, Charles* et Tabo*, 15 ans, élèves d’un collège voisin, se sont battus. La foule a tapé contre la vitre, «ils étaient comme des barges», relate Emilie*, 13 ans, qui est restée coincée dehors. Comme c’est l’usage désormais, le show a été immortalisé: un copain a filmé la castagne avec son téléphone portable. La vidéo ne dure que 30 secondes: Tabo s’est rapidement illustré, mettant KO son adversaire.
Mâchoire salement fracturée
«A la fin, le «maître de cérémonie» écarte les bras, et les deux combattants se serrent la main. Celui qui est touché semble ne pas s’en être encore rendu compte», a raconté au journal lyonnais Le Progrès Georges Berger, le principal du collège Vendôme, qui a pu visionner la vidéo en question. Bilan de la représentation: une mâchoire fracturée, salement. Charles, qui a terminé «la gueule en sang», serait toujours à l’hôpital, avec 45 jours d’«incapacité totale de travail». Après le «happy slapping» (tabassage gratuit et filmé), voici l’ère du «baston-business»?
Si les récits de la bataille divergent, enflent et se dégonflent suivant les témoins interrogés, un point semble entendu: cet après-midi-là, certains ont payé pour regarder les adversaires, venus exprès pour se fritter. Cause du duel? Un différend verbal survenu quelques jours auparavant. Au sujet d’un regard de travers et… de vêtements. «Tabo aurait pas aimé le T-shirt que portait Charles», explique Emilie. Si, si. Et donc? Ce dernier aurait été invité à en découdre. «Ils se sont donné rendez-vous devant le collège, vers 17 heures», raconte la jeune fille. «On les a tous suivis jusqu’à l’entrée de l’immeuble. Avec ma copine, on n’avait pas de thune sur nous. On n’a pas pu rentrer. »
Quatre jours d’attente
Des jeunes extérieurs à l’établissement assisteront également au spectacle, sans que personne dans la maison ne réagisse. Après son passage à tabac, Charles rentrera chez lui à pied «Ça m’a fait mal au cœur», soupire Emilie, éprise de ce héros blessé à qui elle n’a jamais parlé mais avec qui elle compte bien «sortir» parce qu’il est «trop beau. »
Il faudra attendre quatre jours après la rixe pour que les faits soient rapportés au principal de l’école, et que les parents de la victime portent plainte. Interpellé par «Le Matin Dimanche», Georges Berger ne souhaite plus s’exprimer face aux médias tant que l’enquête est en cours.
Parmi les élèves du collège Vendôme, outre quelques voix essentiellement féminines qui jugent l’affaire «pathétique», beaucoup de jeunes haussent les épaules, comme si l’événement était tout ce qu’il y a de plus banal. «Maintenant, les bastons on les filme tout le temps», explique cet écolier. Quant à l’aspect mercantile, il fait plutôt rigoler les collégiens, même si les adultes s’en étranglent encore. . .
Parents effondrés
Côté parents, certains n’en reviennent toujours pas. Pensez donc: dans le sixième arrondissement de Lyon aux avenues bordées de platanes et aux immeubles impeccables, tout n’est d’ordinaire que luxe, calme, et volupté. Ce jeudi matin, quelques 4×4 pressés déposent des ados proprets en baskets de marque et sweats à capuche devant le collège. «Après ce qui s’est passé, ma mère veut me mettre dans une école privée. Mais moi je ne veux pas!», s’insurge une écolière de 14 ans. «En apprenant cela, j’ai été effondrée. J’en ai la chair de poule», assure Isabelle Buffaud, dont le fils est scolarisé dans l’établissement. «Ce côté voyeur et mercantile, c’est insupportable. Aucun de ces enfants n’a réalisé la gravité des blessures infligées. »
Professeur a l’Université de Genève et psychologue légal, Philip Jaffé juge l’aspect «business» rare et «surprenant». «C’est un comportement de pseudo-adulte. Ils agissent un peu comme de jeunes entrepreneurs. » Quant au spectacle en lui-même, il semble être une reproduction d’images visionnées. «Cette affaire me fait penser aux jeux vidéo de combat, avec une idée de corps à corps pratiquement jusqu’à la mort. » Mais pourquoi filmer? «Il y a actuellement un engouement pour cette violence extrême, théâtralisée, médiatisée. On fanfaronne par petits clips interposés. On se rend célèbre dans son clan, dans son quartier. » Vidéo ou non, ce qui inquiète le psy, c’est cette capacité à «érotiser la violence», à «banaliser l’acte pour créer le spectacle».
Conclusion du spécialiste: «Ce qui m’impressionne aujourd’hui, c’est que la jeunesse semble s’ennuyer terriblement. Comme si ces spectacles venaient combler un vide intérieur. C’est signe que les enfants ne se sentent plus encadrés. Ils passent les barrières impunément. » Et imitent les adultes et leur logique capitaliste, parfois pour le pire.
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j'ai vu le même type d'événement à la sortie d'une école élémentaire il y'a quelques mois: un gars qui traînaît un pauvre boutonneux à lunettes par le col, suivi par une centaine d'élèves...
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L'humanité est surévaluée|De la joie et de la bonne humeur, par un cancéreux.|.