C'est quoi l'espace "explorable" ? Sûr qu'avec nos fusées actuelles, on ne risque pas d'aller bien loin, mais les télescopes et radiotélescopes eux, nous réservent quelques surprises...
Cf cet article paru dans Le Monde :
Il pleut des planètes. Tel est le joli titre d'un livre que l'astronome Alfred Vidal-Madjar a consacré à la détection des planètes extrasolaires. Aujourd'hui, la pluie s'est muée en déluge.
Après l'annonce récente, par l'équipe américaine de Geoffrey Marcy et Paul Butler, de la découverte de quinze nouvelles exoplanètes (Le Monde du 15 juin), c'est au tour de leurs concurrents suisses de l'université de Genève de lâcher une rafale de douze nouveaux objets, dont trois se trouvaient déjà sur la liste de leurs collègues d'outre-Atlantique. L'annonce en a été faite lors d'un colloque sur les planètes extrasolaires, qui s'est tenu du 18 au 21 juin à Washington.
Cette avalanche n'est pas un hasard, souligne le Suisse Didier Queloz, codécouvreur en 1995, avec Michel Mayor, de la première exoplanète : "Nous profitons des grandes conférences pour faire ces annonces. Nous sortons donc ce que nous avons trouvé en un an."
La récolte helvétique a été réalisée grâce à deux instruments : le spectrographe Elodie, monté sur le télescope de 1,93 mètre de l'Observatoire de Haute-Provence, et le spectrographe Coralie, qui équipe le télescope suisse Leonard Euler de 1,20 mètre, installé au Chili.
Parmi la liste des nouveaux mondes découverts, on pointe d'emblée la planète gravitant autour de l'étoile Gl 777A, située à 52 années-lumière de nous. "Cette planète est très semblable à Jupiter, explique Didier Queloz : elle a la masse de Jupiter, une période presque aussi longue et, surtout, une orbite circulaire, alors que les planètes extrasolaires ont souvent des orbites excentriques. Cela se rapproche beaucoup du système solaire et, si j'avais les moyens de détecter une planète comme la Terre, c'est là-bas que je commencerais à regarder..." Les trouvailles des équipes américaine et suisse portent à 99 le nombre d'exoplanètes découvertes depuis sept ans. Qui aura la centième ? "Entre le groupe Marcy et nous, une compétition existe clairement, mais une compétition honnête, souligne Didier Queloz. Comme les catalogues des étoiles que nous surveillons se recouvrent en partie, il y a des moments tendus parce qu'il arrive que l'un annonce en premier ce que l'autre a aussi trouvé. Mais le dialogue est constant."
BARRIÈRES TECHNIQUES
L'émulation risque de s'exacerber avec la découverte de planètes de plus en plus petites, et donc s'approchant de la taille de la Terre. Pour l'heure, des limitations techniques empêchent de descendre si bas car il s'agit de détecter, à des dizaines d'années-lumière, les infimes mouvements que la masse d'une planète imprime à son étoile. Les vitesses mesurées actuellement sont de l'ordre de 3 mètres par seconde, soit la vitesse de quelqu'un qui trotte.
Avec le spectrographe Harps, actuellement en construction à Genève, et qui équipera bientôt le télescope de 3,6 mètres dont l'Observatoire européen austral (ESO) dispose au Chili, l'équipe suisse passera sous la barre du mètre par seconde. Didier Queloz espère pouvoir "détecter n'importe quelle planète géante et peut-être, si elles existent, des planètes telluriques un peu plus massives que la Terre se trouvant sur des orbites courtes". En attendant les satellites Corot (lancé en 2005) et Eddington (2008), qui repéreront les baisses de luminosité se produisant lorsqu'une planète passe devant son étoile.
Pierre Barthélémy
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"Computers in the future may weigh no more than 1,5 tons." Popular Mechanics,1949.