les plus grosses gouttes font 1,10 mètre de diametre.
Pour info, dans la realité elles ne doivent pas depasser 3 mm pour garder intact leur sphéricité
petite video du chantier sur YOUTUBE : http://www.youtube.com/watch?v=4DwZ3VIMwEs
Voici un article de Aicarg.mag assez détaillé sur cette aventure :
" Cheminées et perles d'eau "
" Bagnolet, été 2007; les sombres cheminées de l'usine de chauffage SDCB trop connues pour être jusqu'alors un point de mire pas vraiment flatteur pour un centre-ville, se sont d'un coup entoilettées d'une robe plutôt originale : élégance, message et design .
Le thème retenu sied à merveille dans le ciel de Bagnolet : nuages éthérés sur un fond en dégradé gris-bleu et, comme venues perler par tel effet de condensation thermique, une gracieuse composition de gouttes d'eau pures donne à l'ensemble ce qu'il faut de faîcheur et de naturel pour qu'un goëlan et même son ombre puissent venir s'y fixer en plein vol.
Ce visuel est une peinture en trompe-l'oeil signé Frederic Gracia, un artiste connu depuis une quinzaine d'années pour ses fresques monumentales.
A son actif voici quelques points forts évenementiels pour le situer : un décor scénographique fluo à Hong Kong pour Chick Corea en 1986, la réalisation de la fresque géante du Verseau de J-M Pierret en 1991 sur la centrale de Cruas en Ardèche, une des plus grande fresque d'Europe, les enluminures d'une coupole de mosquée au Turkmenistan en 1995, la fusée européenne Ariane V peinte sur une toile et accrochée entre le premier et le troisième étage de la Tour Eiffel en 1993 ou encore une exposition de son tableau blue world au Palais des Nations unies à New york en 2000 sur le thème de... la goutte d'eau . ( voir son site : www.art-gracia.com ).
Mais revenons à Bagnolet : Nos deux mornes cheminées d'avant l'été ne respiraient pas, il faut bien le dire, la fine fleur de l'esthétique urbain...
Mais voilà qu'en deux mois, la métamorphose achevée, elles sont devenues plus que propres : pures, élancée, rayonnantes à leur place centrale.
La présence insolite de ces perles d'eau - représentées avec force 3D et autant de technique hyperréaliste pour les faire briller - en dit long à l'automobiliste de l'A3 qui ne peut assurément pas les manquer.
Par delà le rendu esthétique, il y a, c'est vrai, de quoi méditer sur l'autoroute avec ce sacré symbole. Ces gouttes d'eau pourtant si banales, sont ici, véritablement sublimées par leur taille : 1,10 m de diamètre pour la plus grande. Paradoxe d'ailleurs quand on sait qu'une goutte d'eau, pour qu'elle puisse conserver physiquement sa sphéricité, doit tout au plus, avoir un diametre de 3 mm !
Si l'on comprend sans le moindre doute quels sont ces objets reproduits, il n'empêche que le pourquoi de leur situation incongrue est une toute autre question que l'artiste laisse à chacun le soin de répondre ou d'interprêter.
Frédéric Gracia qui n'en est pas à sa première goutte, a, au fil des années, adopté ou presque institué cette image comme une quasi-signature, l'incorporant dans la composition de ses fresques murales ou de ses tableaux. En effet cette représentation symbolique de l'eau a depuis longtemps séduit l'artiste peut-être simplement grâce à ce petit éclat de brillance présent sur le haut de la goutte, ce point blanc qui va donner à lui seul toute l'intensité lumineuse.
Mais décortiquons donc un peu plus cette goutte d'eau; arrêtton-nous, nous aussi, un instant sur cette vision macroscopique, sur cet objet si familier de nos salles-de-bains ou de nos pare-brises; concentrons-nous pour une fois sur sa forme, sa masse, sa lumière à l'instar de ces chercheurs physiciens qui expérimentent en laboratoire, sans état d'âme artistique, sa capacité de résistance, sa déformation à l'impact sur matériau hydrophobe, sa luminosité interne, réfractions, reflets, etc...
Focalisons-nous sur cette magie qui s'opère dans le traitement de ce petit objet rond.
D'abord on peut noter qu'un rapport symétrique ombre/lumière et une forme circulaire donnent à sa composition une harmonie et un rendu très graphique. Une sorte de Yin-Yang des liquides.
Mais le plus étonnant, peut-être d'avantage que cette fameuse brillance apparente, c'est aussi l'illusion du relief convexe.
C'est la zone d'ombre reportée sous la goutte qui va naturellement la détacher, faire ressortir tout le volume .
Les dégradés intérieurs entre noir, gris, bleu et blanc vont eux évoquer le phénomène de reflet du ciel et la transparence de l'eau.
L' effet de volume intéressent toujours les peintres du trompe-l'oeil. Ils s'en servent pour doter leurs sujet d'un véritable pouvoir de fascination.
Claude Yvel, un des grands maîtres du trompe-l'oeil, inspirateur de Frédéric Gracia, nous dit : Demandez à quelqu'un : " Au coin de votre rue, près du marchand de journaux, qu'est-ce qu'il y a ? " qui répondra " il y a un banc vert ? ". Les gens ne regardent pas avec plus d'attention un objet photographié qu'ils ne le regarderaient dans la réalité. Mais si on prend la peine de le peindre, l'objet devient fascinant : il passe par une digestion humaine.
Concernant l'exécution, la réalisation du décor in situ aura duré environ 2 mois; travail ralenti à plusieurs reprises par le mauvais temps : vent violent et pluie, ambiance montagne de l'été 2007.
La fixation des points d'accroche pour mousquetons et les minutieuses préparations du support (le nettoyage haute-pression, le traitement des parties métalliques et les couches de fond sont oeuvrés par les soins des alpinistes de Alpbat, société spécialisée dans les travaux à grande hauteur) touchent à leur fin le 19 juillet 2007. Les cheminées sont enfin prètes à s'orner de leur parure. La toile apprêtée attend sur le chevalet et le peintre peut préparer ses couleurs , caler ses teintes comme on dit dans le jargon et en quantité suffisante car il y a de la surface...
La technique de cordiste employée par Frédéric Gracia, consistant à se suspendre et travailler sur corde, s'avère totalement adéquate pour ce type de bâtiment. Adapté aussi parfaitement, le thème du visuel.
Les expériences variées et multiples des grandes fresques - comme l'aéroréfrigérent de Cruas, hauteur 155m - ont permis à ce peintre acrobatique d'être parfaitement à l'aise avec le vide, rendant l'execution de son travail artistique tout à fait exceptionnel.
Maquette en main, jour après jour, guidé par talky-walky et jumelles, aide précieuse pour se positionner le plus précisément possible sur la paroie, l'artiste dépose une à une ses perles d'eau, compose ses chapelets et nuance ses nuages aux emplacements mûrement prévus depuis le sol.
Une cheminée puis l'autre, les semaines et les descentes en rappel se succèdent et puis un jour on peaufine le dernier nuage, on fait briller l'ultime goutte.
En bas, le passant de Bagnolet ne s'étonne plus, ne s'arrête même plus : il est conquis : Aujourd'hui c'est une évidence, ces deux cheminées, font bel et bien honneur au ciel de Bagnolet ." Aicarg.mag
Message édité par donday le 24-03-2010 à 02:23:05