La F1 au pays du Danube
Budapest - Présentation
Par Joël Roux - le 12 août 2004
L'été bat son plein cette semaine, tandis que pour le petit monde de la Formule 1 c'est déjà le retour des vacances. Ce week-end nous assisterons au 19e Grand Prix d'Hongrie, treizième des dix-huit manches du championnat 2004. Budapest est une des villes touristiques les plus intéressantes de toute l'Europe, avec de beaucoup de sites à visiter. Se baigner dans l'eau thermale est une pratique courante pour les habitants de Budapest (de tous âges), qui aiment se retrouver aux bains pour se détendre et discuter.
Surnommée « la perle du Danube », 2,1 millions d'habitants, Budapest est traversée par le second fleuve d'Europe après la Volga qui sépare la ville historique de Buda, rive droite, à la ville plus moderne de Pest, rive gauche. En cette fin du 20e siècle, après des décennies de socialisme totalitaire, la Hongrie s'est engagée sur la route de la démocratie et de l'économie de marché, et Budapest est à nouveau livrée aux contradictions. L'uniforme gris du communisme a été remplacé par le contraste entre la consommation la plus excessive et le dénuement le plus complet.
À 19 kilomètres de cette charmante ville, appréciée par la plupart des pilotes, se trouve le circuit du Hungaroring, près de Mogyorod. Bien que de part sa configuration il soit réputé pour dissuader toute tentative de dépassement, le tracé hongrois recèle de difficultés techniques qui font la joie des ingénieurs. Avec ce point de vue, le circuit est déjà nettement plus intéressant : Des virages de tout rayon, en montée, en descente, aveugles et bosselés, accompagnés de températures de piste généralement assez élevées rendent la mise au point des voitures particulièrement délicates.
Comme toujours, c'est une question de compromis. Etant donné que le niveau d'appui est au maximum, tout est une question d'adhérence mécanique. Les suspensions doivent être assez souples pour garantir une bon 'grip' et ne pas faire sauter la voiture sur les bosses, mais en même temps assez raides pour permettre des changements de direction rapides. Le moteur a lui-aussi son rôle, en sortie des courbes à la réaccélération, et dans la principale ligne droite en vitesse de pointe.
Les pneumatiques sont aussi une clé, en assurant le meilleur compromis entre adhérence et durée. Les fortes chaleurs mettent à mal les gommes, qui peuvent commencer à buller, et les virages tortueux augmentent encore l'usure. Mais avec un choix trop prudent, on peut se retrouver mal placé sur la grille départ dans une course où les dépassements sont difficiles. La qualification est un exercice aussi difficile que déterminant en Hongrie. La fiabilité est aussi un paramètre à prendre en compte pour la course, car les voitures souffrent toujours de la chaleur et du faible rendement des systèmes de refroidissement à cause du peu de lignes droites.
Le vainqueur à Budapest est souvent celui qui commet le moins d'erreur à bord d'une voiture fiable. Williams, McLaren et Ferrari ont dominé les débats depuis 1986, avec sept succès pour l'écurie de Grove, deux fois avec Piquet, Hill, Villeneuve, une fois avec Boutsen, en 1990. McLaren a gagné grâce à Senna (1988, 1991, 1992) et Häkkinen (1999, 2000). La Scuderia a triomphé en Hongrie à quatre reprises ; deux victoires pour Schumacher, une pour Barrichello et Mansell. Le sextuple champion du monde partage le record à égalité avec Senna (trois succès). Côté pôles positions, Michael Schumacher est en tête avec cinq réussites, dont la dernière date de 2001. Ayrton Senna a été devant à trois reprises, Patrese et Häkkinen à deux reprises.
Le sujet d'actualité majeur de cette pause de trois semaines a été les transferts : R.Schumacher chez Toyota, Webber chez Williams, Fisichella chez Renault. Jenson Button est assis entre deux baquets, l'affaire politique entre BAR et Wiliams sera réglée devant les tribunaux probablement. Le différent entre Button et Richards concernerait une question financière liée aux primes par points que l'équipe n'aurait pas payée entièrement après l'inattendue moisson du pilote britannique de cette année. Il est fort probable que la France soit malheureusement privée de pilotes l'année prochaine, car Jarno Trulli aurait signé la semaine passée chez Toyota.
Ferrari, Bridgestone et Schumacher espèrent renouer avec la victoire ce week-end après leur cuisante défaite de l'année passée. Le pilote allemand n'a plus gagné en Hongrie depuis 2001. S'il remporte la course dimanche, il égalisera le record de victoires consécutives vieux de 50 ans, détenu par Alberto Ascari (7 victoires), qu'il a déjà approché une fois entre l'année de son troisième et quatrième titre. Mais Renault et McLaren ne l'entendent pas ainsi. Pour eux, l'objectif est de mettre un terme à l'incroyable série du sextuple champion du monde avec Ferrari, sur un tracé qui n'est pas réputé leur convenir.